(TC) : MAGIC OPENING

C'est peut être étonnant de te voir trainer ici, mais la vérité c'est que tu adores les fêtes foraines. Tu as un souvenir bien ancré dans ta mémoire. Ce jour où vous êtes sortis de l'orphelinat pour aller aux manèges de la ville d'à côté. Si ton enfance a été rythmé par les jugements des autres gosses, ce jour-là, ils semblaient avoir oublié ton existence. Tu as fini par te retrouver seul dans les allées, à profiter d'une liberté nouvelle. Repensant à cette époque là, à ce jour bien précis, tu arpentes l'une des nombreuses allées, une barbe à papa dans les mains. Tu te ballades, calmement, ne sachant pas si tu vas croiser un proche ou un ami. Ton fils Theo doit probablement être là, quelque part. A avoir planifier une soirée entre amis ou avec sa petite amie actuelle. Tu en souris doucement, repensant étonnement à ce baiser avec ton ex-épouse contre un des camions de forain. Vous étiez inconscients, jeunes et amoureux.
Les lumières des manèges illuminent ton visage mûr et ce semblant de sourire. L'éclat de tes yeux s'harmonisent avec les guirlandes allumées et les fanions multicolores. Tu ne distingues pas encore les silhouettes familières dans la foule, mais tes pas t'emmènent à proximité du grand chapiteau rouge et blanc.

Tu as toujours apprécié les fêtes foraines. Il y a des odeurs douces et des couleurs qui mettent un peu de baume au coeur. Et même si tu avais eu envie d’éviter ces enfantillages, tu ne peux faire autrement. Ton coeur d’enfant se réveille grâce à ton joli Aaron. Les sons des manèges et les couleurs virevoltantes dans le ciel ne sont pas passées inaperçues. Et comme tu es une maman cool, sans doute trop cool même si parfois tu le surprotéges et bien tu n’as pas réussi à dire non. C’est avec plaisir que tu as pris ton grand garçon de huit ans pour l’emmener à cette soirée d’ouverture. Tu avais lu sur un flyer en ville qu’il allait y avoir des jongleurs, des acrobates, des chanteurs et des clowns. Tu n’aimes pas les clowns ils te font peur mais pour Aaron tu feras la femme forte et tu n’auras pas peur. C’est tous les deux que vous attendez au milieu du chapiteau pour que le spectacle commence. Tu bois un soda dans un gobelet en carton pendant que Aaron mange cette barbe à papa dont il rêve depuis des jours. Tu n’es pas pique assiette mais tu ne peux t’empêcher par moment de prendre un morceau rosé. Tu regardes autour de toi, du monde est là. Wauwatosa est heureuse de voir cette animation.

Les fêtes foraines, le genre d’événement qu'il était tout simplement impossible de voir la jeune femme manquer ! À chaque fois, elle retombait en enfance et il n'y avait aucun doute que si l'homme qui l'accompagnait ce soir voulait avoir une chance de finir entre ses cuisses, il allait devoir lui gagner une grande peluche ! Les lumières multicolores des manèges scintillaient un peu partout. Bras dessus bras dessous avec Erik, Lilyan pressait le pas afin de rapidement trouver un endroit où s'arrêter boire et manger. C'était plus fort qu'elle dès qu'elle y mettait les pieds, elle devait manger le plus de gras et de sucres possibles au détriment du bien-être de son estomac fortement résistant heureusement ! Arrêtant dans un stand, Erik leur prenait une barbe à papa ainsi que deux bières. Un bras de l'homme enroulé autour de sa taille, elle était pile au bon endroit pour venir croquer le bout de nuage qu'il avait dans les mains avant qu'il ne puisse le porter à sa bouche. Lilyan se doutait qu'elle allait rapidement croiser un visage connu ce soir, elle ne s'attendait toutefois pas à ce que ce soit le sien...

Une autre journée de travail derrière lui, à courir à droite et à gauche, tentant de clore ses cas assignés le plus rapidement possible - Eloy était fatigué, plus que prêt à aller rejoindre son sofa pour regarder les playoffs, mais il allait, ce soir du moins, devoir se contenter de regarder les highlights à son retour à la maison: La fête foraine était en ville et le fils de sa petite amie avait huit ans. Il avait donc des obligations, un devoir à compéter, plus important que les séries de hockey (oui, certaines choses l'emportaient même sur ça). Il fit donc le chemin avec Nikki et Aaron, affichant un joli sourire, malgré son manque d'énergie et une migraine naissante. Eloy était un adulte, il pouvait endurer des lumières multicolores, des mascottes moches, et des marchands criant à s’époumoner pour quelques heures. Pour ces deux petites bouilles, il était même prêt à mettre une semaine de salaire pour une peluche au poil dru, mal rembourrée et aux coutures fragiles. S'étant un peu éloigné du groupe pour aller dire bonjour à un ancien camarade de classe, le détective rejoint les Reyes, surprenant la maman en flagrant délit. "J'ai vu ça." D'un coup de pouce, il débarrassa Nikki d'un poil de barbe à papa ayant manqué sa cible, et s'était réfugié à la commissure de ses lèvres. "Tu veux porter plainte, 'ron? Je suis off duty, mais je peux toujours prendre ta déposition."

Elle avait encore un peu de nuage sucré au coin des lèvres lorsque son regard avait croisé le sien, le leur. Délaissant le grand blond qui l'accompagnait, elle ouvrait les bras pour serrer contre elle la demi-soeur de Leïla a qui elle plaquait quelques baisers contre les joues, ne l'ayant pas vu depuis trop longtemps. Prenant ensuite dans ses bras le frère de sa meilleure amie qui lui manquait encore terriblement et avec qui elle serait a courir partout telle une gamine si elle était encore là. Un peu en retrait, son coeur rattait un battement alors qu'elle posait son regard dans celui de Bradley. Elle avait l'habitude de prétendre de ne pas craquer pour lui lorsqu'ils n'étaient pas seuls, mais cette fois était bien différente. Les derniers moments passés ensemble venaient tout chambouler.

« Bonsoir Monsieur Perkins»

Elle avait hésite sur la façon de le saluer, ne souhaitent pas se laisser attirer vers ce tutoiement qu'elle n'utilisait pas devant eux autrefois que par l'arrière pensée qui accompagnait chaque fois qu'elle l'appellait ainsi. Se hissant sur la pointe des pieds, elle déposait un chaste baiser contre sa joue, mais la main qu'elle posait dans son dos a l'abris de leur regarde l'était beaucoup moins. S'en éloignant rapidement, elle restait surprise et incertaine face à la légère hésitation perceptible chez l'homme. Le connaissait-il ? Revenant près d'Erik alors qu'il l'attirait contre elle en enlaçant ses épaules, Lilyan se laissait entraîner vers lui.

« On peut se joindre à vous ? »

Passer du temps avec eux, avec lui, lui ferait du bien et elle ne ressentait même pas une pointe de culpabilité a l'idée de vouloir prolonger ce moment alors qu'elle est accompagné. La surprise de croiser Bradley dissipée, elle remarquait l'immense peluche tenue par la jeune femme.

« Où tu l'as gagné ? Arg je suis tellement jalouse !! »

Tout n’est pas toujours rose mais tu es ravie qu’Eloy veuille bien venir avec Aaron et toi. Les choses s’installent doucement entre vous, vous êtes souvent ensemble. Il est souvent avec toi et ton garçon, à la maison. C’est agréable ces moments qui ressemblent à une vie de famille. Tu n’oses prononcer réellement ce mot encore car tu ne sais pas encore si c’est vraiment le cas. Ce que tu sais, c’est qu’Aaron aime bien Eloy et qu’ils s’amusent bien ensemble. Tu es parfois touchée de les voir endormis l’un à côté de l’autre sur le sofa. Après tu dois tour à tour les secouer pour les emmener se coucher. Souvent tu commences par Aaron, il est plus facile, il a l’habitude. Et si jamais c’est compliqué il est encore petit et tu peux parfois te permettre d’essayer de le porter. Ce soir, c’est agréable, le genre de soirée auxquelles tu rêves, celles que tu mérites et t’y as droit ce soir. C’est avec plaisir que tu as goûté la barbe à papa jusqu’à ce que Monsieur Gardner vienne te démasquer face à un Aaron à la fois rieur et un peu boudeur face à toi. Tu sais qu’il ne t’en veux pas et que c’est un jeu. Il prend un malin plaisir à entrer dans celui d’Eloy. Tu balances parce que tu es jaloux, toi aussi tu en veux … dis-tu avec ton petit sourire provocateur.

La journée en famille était une idée de mon petit frère, ce n'était pas dans mes projets, mais bon, j'avais accepté et pris un air enjoué afin de sortir un peu de mes sentiers battus. Maman ne faisait absolument rien pour nous occuper et puis autant éviter de boire de l'alcool, ça ne me ferait pas de mal, surtout à cette heure ci. Bradley avait réussi à me dégoter une peluche immense, presque taille humaine après que j'ai du chipoter pendant au moins un quart d'heures, du coup, j'étais plus que ravie de la porter, ou de lui refourguer de temps en temps. Lily se pointa dans la minute suivante avec un gars, je le dévisageais, et pour elle j'affichais un sourire faussement heureux, car la voir me rappelait encore et encore Leila, et ça me détruisait ce qui restait de mon palpitant. Ils se joignirent donc à nous pour notre balade en famille, de toute façon, elle faisait presque partie de la famille tant on la connaissait bien. On s'arrêtait donc à un jeu de ballons, et Lily se positionnait pour nous montrer ses talents, mon père s'installait près d'elle, et moi je restais en arrière avec ma peluche dans les bras, j'étais à peine visible, même s'il n'était pas nécessaire d'avoir cette peluche.
- Je peux essayer moi aussi ?
Je demandais à tout hasard, c'était ma journée privilégiée avec mon père et je comptais bien être au centre de l'attention, même si j'appréciais Lily, elle ne me volerait pas ce moment.
- Enfin, à moins que tu as peur d'avoir de la concurrence...
Je levais les yeux au ciel, fière de ma prestance face à elle, cette situation allait être drôle.
- Sors ton porte monnaie papa, j'ai plus un rond.
Je me tenais près de lui, les bras croisés devant ma poitrine, ayant l’œil sur tous les détails autour de moi, notamment la façon dont Lily était habillée. J'avais toujours cette impression de concurrence.

Le regard perdu tantôt dans les lumières des manèges, et un coup sur le mouvement de la foule, tu te demandes bien si de celle ci, des têtes familières vont éveiller ton attention. Tu finis par apercevoir ton vieil ami Bradley. Cela se produit la seconde qui suit l'envoi de ton sms à Ryan, l'autre loup. Tu te dis alors, que Brad vous rejoindra un peu plus tard. Tu ne peux lui en vouloir ce retard - de par la charmante compagnie à laquelle il a le droit. Un léger rictus sur le visage, tu fais finalement volte-face pour remonter l'une des allées et te débarrasser du gobelet vide que tu as dans les mains pour sortir une cigarette. Gauloise au bout du bec, la fumée part en volute au-dessus de ta tête. Et tu arpentes, en loup solitaire. Avant de retourner sur tes pas jusqu'à l'entrée de la fête foraine, pour voir si tu croises Ryan.

Lily, elle comptait bien repartir d'ici avec une peluche, même si avouns-le, elle préférerait qu'on la gagne pour elle ! C'est qu'elle a quand même une certaine réputation à tenir ! Sauf que ces compétitions, elles n'ont rien de physique ou demandant une véritable adresse, elle ne part pas avec la même assurance que lorsque les caméras du Challenge sont rivées sur elle et qu'elle doit faire des trucs à la limite du possible. Son regard dirigé bien plus vers Bradley que vers celui qui l'accompagne, elle s'apprête à lui demander de participer aussi pour doubler ses chances de gagner lorsque la voix de Winter vient gâcher ses plans. Se tournant vers elle, elle ne dit pas répondit rien et la laissa se joindre simplement à elle, mais si bonne volonté était présente, elle disparu en voyant l'attitude qu'elle se prenait de plein fouet. Haussant les sourcils, elle la regarda non pas sans lâcher un léger rire.

« C'est pas comme si moi j'avais besoin de ça pour me prouver quoi que ce soit. »

Avouons-le, elle ne comprend absolument rien de ce qui se passe sous ses yeux, mais une chose est certaine, en la voyant se poster entre elle et Bradley, l'envie de chercher à le provoquer afin qu'il ne maintienne pas cette distance devint plus grand que tout le reste. Revenant près d'Erik, elle encerclait ses bras autour de son coup.

« J'ai droit à un baiser pour la chance ? »

Comme si elle croyait vraiment à ce genre de connerie... Prolongeant le baiser bien plus longtemps que nécessaire pendant que l'une de ses mains venait se poser contre ses fesses, elle finissait par venir se repositionner, prête à jouer. Se tournant vers Simon, elle lui faisait un petit signe de tête.

« Tu veux te joindre à nous ? »

Le laissant prendre sa décision, elle reportait son attention sur les peluches disposées un peu partout, cherchant à voir lesquelles attiraient davantage son attention. Un excellent moyen de prétendre être bien occupée et ignorer cet homme chez qui elle espérait voir la moindre réaction.

Bradley me donnait donc l'argent dont j'avais besoin pour pouvoir jouer moi aussi, face à Lilyan. Après tout, c'était le moyen de s'amuser, et puis il avait largement plus d'argent que moi, qui bossait le week-end et le soir pour le country club. Papa décidait de régaler la maison en payant une partie à tout le monde, et vu que le portefeuille se trouvait dans mes mains, je payais pour toute la clique. Une partie en famille, avec Lilyan et son mec, ça pouvait toujours être agréable. Son commentaire sur la famille Perkins me fit l'effet d'une bombe, j'étais la seule à ne pas porter ce nom alors ça me blessait toujours ce genre de remarques.
- A la différence que je ne suis pas une Perkins, dis-je d'une voix calme, le ton de reproches et d'amertume se ressentant largement.
Mais j'étais prête à prouver mon talent pour ce genre de jeux et il était pour moi hors de question que quelqu'un d'autre que moi gagne. J'affichais un sourire, évidemment c'était mon talent principal, dissimuler ce que je ressentais. On s'installait donc devant le jeu, pistolet à la main en attendant que le forain ait fini de tout organiser pour notre famille. Le ton entre mon père et le copain de Lilyan était plein de jalousie, je ne comprenais absolument pas pourquoi il agissait comme ça, peut être son instinct protecteur ? Je n'en savais rien, mais je me posais un tas de questions. Pourtant le temps de la partie, je laissais couler, visant parfaitement mes cibles, essayant d'être la meilleure face à tous mes concurrents. Une peluche ne me suffisait pas, il m'en fallait une autre histoire de remplir mon lit quand je m'y sentais seule. Mais les regards appuyés de mon père face au type m'interloquaient énormément, aussi, je tirais sur le bras de Bradley, essayant de chuchoter pour que personne ne vienne à surprendre notre conversation.
- A quoi tu joues ? Pourquoi tu parles comme ça à ce type ? Lilyan est assez grande pour gérer sa vie tu sais...
Je lançais des regards à Lilyan aussi, cherchant à comprendre d'où venait le malaise, le mode détective activée, je comptais bien garder un œil sur tout le monde.

Il ne fit qu'un demi sourire. "J'essaie d'arrêter. C'est mauvais pour la santé." Depuis un an déjà, Eloy avait décidé de diminuer sa consommation de sucres, tant naturels que pas, tant le splenda que la stévia. C'était arrivé comme ça, simplement. Boum. Un après-midi, il avait décidé qu'il ne devait plus avaler autant de glucides, pour son propre équilibre mental, déjà vacillant. Alors, pas de barbe à papa pour lui, pas de chips non plus. Il disait non au vice. Il donnait l'exemple. "Ça manque de pop corn, par contre." Il flanchait, deux seconde après avoir affirmé le contraire. L'odeur lui était venue au nez, et il n'arrivait pas à l'éviter. Quelque part dans son cerveau, Eloy tentait de justifier son soudain besoin en se disant que Nikki et Aaron en mangeraient certainement beaucoup plus que lui, et que sans beurre, c'est vraiment pas si mal. Aussi, le petit avait clairement besoin d'un peu de salé pour refaire sa palette. Clairement.

Après une absence de deux minutes, Eloy revint avec deux sacs de maïs soufflé plus gros qu'un petit Reyes de 8 ans.