Soirée Père-Fils (Thewen)

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{Soirée Père-Fils.}
crédit/ desilusion & @Owen Grahms

Tu avais promis à ton paternel que tu allais libérer une soirée pour la passer avec lui. Cela faisait quelques temps que tu ne l'avais pas vu. Normal puisqu'il était parti à Washington afin de suivre une formation pour évoluer au boulot. D'ailleurs, tu en avais bien profiter. Pendant son absence, tu t'étais habitué à vivre seul et tu devais admettre que tu y avais pris goût. Même si tu t'entendais mieux avec ton père depuis quelques temps, tu te rendais compte que tu arrivais à un âge où tu avais besoin de ton premier chez-toi. Tu avais une bourse qui couvrait tes frais scolaires et tu bossais à mi-temps pour le journal de la ville en tant que photographe. Donc tu avais les moyens de prendre une colocation ou même un appartement si tu trouvais la perle rare. Tu y songeais de plus en plus. Mais pour l'instant, tu avais fait en sorte que l'appartement ressemble à nouveau à quelque chose. Tu avais passé la plupart de la journée à la fac et vers deux heures de l'après-midi tu avais pris le chemin du journal. On avait besoin de toi pour prendre quelques clichés de l'inauguration d'une nouvelle boutique dans le centre. Une boutique d'artisanat éthique. Tu en avais même profiter pour prendre une paire de boucles d'oreilles pour Olivia. Ce soir, tu ne pouvais pas la rejoindre et tu savais qu'avec un petit cadeau, cette absence allait bien mieux se passer.

Il était presque dix-neuf heures quand tu étais sorti. Tu sentais le vent froid fouettait ton visage. Il n'y avait pas à dire, l'hiver était en avance cette année. Tu remontais le col de ton manteau, récupérant dans l'une de tes poches, le bonnet que tu mettais ensuite sur la tête. Puis tu remontais l'avenue principale tout en envoyant un message à ton paternel. Tu lui disais que tu prenais la bouffe à l'italien du coin avant de rentrer. T'adorais cette cuisine. Tu te demandais même parfois si tu n'avais pas des origines ritales, tellement tu étais fan des pizzas, des pâtes, des risottos, des escalopes milanaises. Bref, tu pourrais presque ouvrir un blog culinaire sur ces recettes. Par chance, la boutique n'était pas bondée. Peut-être à cause du temps. Les gens préféraient rester chez eux. Tu prenais la commande que tu avais passé une heure plus tôt au journal. Tu avais opter pour des lasagnes. Tu en avais déjà l'eau à la bouche. Puis tu avais pris le plat de ton paternel. Après avoir payé, tu quittais le traiteur pour rentrer chez toi. Tu frissonnais à nouveau. T'avais beau être né ici, tu avais toujours autant de mal à te faire au climat. Tu préférais le soleil, le vent chaud... Ici, c'était compliqué. Encore plus quand tu devais passer plusieurs heures dehors pour un reportage. Voilà pourquoi tu t'habillais toujours chaudement.

Dix minutes plus tard, tu entrais ta clé dans la serrure. Tu refermais ensuite la porte derrière toi. Une douce chaleur t'accueillait avant d'entendre la voix de ton père qui était déjà là. « Oui c'est moi. J'ai pris la bouffe. » Tu posais le sachet sur la console toute proche avant de retirer ton manteau et tout le reste. Tu frissonnais à nouveau. « Il caille dehors, j'ai failli me transformer en esquimau. Mais je suis le meilleur fils qui soit puisque j'ai bravé tout ça pour te rapporter à manger. » Tu esquissais un sourire avant de lui donner le sachet. « Tu m'as pas dit ce que tu voulais en dessert alors j'ai opté pour des tiramisus. » Puis tu l'accompagnais jusqu'à la cuisine.

Que c'était bon de rentrer à la maison ! Tu adorais Madison Homes. Ce quartier représentait beaucoup pour toi. Avant toute chose, c'était l'endroit que vous aviez choisi avec Pénélope pour élire domicile avant la naissance de votre fils Theo. Il représentait tout ce qui était bon pour voir grandir votre petit et lui offrir un environnement beaucoup plus sain, loin de la pollution de la ville. Bien que ces quatre murs ne demeuraient pas longtemps le théâtre d'une vie de famille paisible, ce foyer qui était le vôtre, restait pour ton ex-femme et toi la meilleure option. La pelouse devant la maison était toute pleine de givre ce matin-là. Les quelques arbres perdaient aussi leurs feuilles et tapissaient progressivement l'allée. En arrière plan, se dessinait la forêt dense. Ses sentiers de promenades te manquait aussi, synonyme de ballades et d'excursions improvisées quand l'envie te prend - et cela, à n'importe quel moment de la journée où de la nuit. Refuse aussi d'insomnies.

Avant le retour de ton fils, tu avais pris soin d'aller couper du bois pour y faire un bon feu de cheminée. La chaleur de son âtre se propageait dans toute la maison. Assis face à elle, sur ton confortable canapé, tu feuillettes un livre depuis dix-neuf heures. Il ne tardera point à être là, et tu te languis de le revoir. Lui voler aussi une étreinte affective. La paix qui est revenue entre vous est agréable. Autant lui que toi souffraient à l'époque de tous ces cris et de ces prises de têtes à outrance. L'adolescence est toujours une phase compliquée dans la vie. On se recherche soi-même, on doit faire face à ses parents - on doit apprendre en tant que parent à être patient et être compréhensible. Sans oublier cette part d'autorité essentielle pour guider au mieux sa progéniture, tout en laissant un peu de liberté pour leurs propres choix. Ces nouvelles concessions que l'on doit faire. C'est une période qui peut être éprouvante mais qui reste riche de toute évidence.
Bientôt, du hall d'entrée te provient le bruit de la serrure. La porte qui s'ouvre et qui invite à abandonné ta lecture. Un fin sourire se dessine sur ton visage et d'une main dans les cheveux pour dégager tes mèches hirsutes, tu apparais bientôt dans le couloir et y voit ton fils étendre son manteau. « Il caille dehors, j'ai failli me transformer en esquimau. Mais je suis le meilleur fils qui soit puisque j'ai bravé tout ça pour te rapporter à manger. » La bonne odeur de nourriture italienne t'ouvre en grand l'appétit. « Quelle chance j'ai de t'avoir ! » réponds-tu avec humour mais bienveillance. Il s'échappe sitôt dans la cuisine et tu le suis. A côté, dans la salle à manger tu as déjà dressé la table. Déposant le sachet chaud, tu croises une seconde les bras pour rajouter : « Tu n'embrasses pas ton vieux père, fiston ? » Tu ne lui laisses pas vraiment le choix en somme, ouvrant tes bras pour les refermer autour de ses épaules. C'est toujours avec une certaine pudeur que tu procèdes mais c'est avec nul doute que tu démontres ton amour pour lui. Tu ébouriffes ses cheveux avec taquinerie et files récupérer les assiettes pour les remplir de vos mets délicieux afin de finir autour de la table. « Ca a été ta journée ? » Tu es en demande. Tu veux savoir ce qu'il a, à te raconter, à te dire sur ses projets actuels. C'est que ça fait un bout de temps et malgré vos appels téléphoniques, vos conversations restaient toujours plus ou moins brèves. De ta première bouchée, tu en dégustes toutes les saveurs éclatantes avec un soupire de contentement.

@Theo Grahms