You ghost of mine you're taking up all my time (B&C)

Il faut qu’ils mettent les choses à plat une bonne fois pour toute. Et l’appel de Matthew fait prendre conscience à Bonnie que c’est le moment ou jamais. Une autre occasion ne se présentera peut-être pas de si tôt et tant qu’à continuer sur la lancer des sujets délicats… C’est pourquoi, quand elle sort de la chambre la brune, elle n’y va pas par quatre chemins. Et le ton qu’elle emploie montre qu’elle ne plaisante pas et souhaite une discussion sérieuse… Enfin, ça c’était sans la mauvaise foi de Clyde qui ne manque de faire savoir son exaspération. Et lorsqu’il darde ses yeux sur Bonnie, prenant appuie contre le plan de travail en croisant les bras, la jeune femme fait de même sur sa chaise et maintient son regard, avec une expression qui semble lui dire ‘mais t’es sérieux là ?’ sans qu’elle n’ait à prononcer le moindre mot. Et malheureusement oui. Clyde lui sort son rôle de l’irlandais insupportable. Mais cette fois, ça ne prendra pas. Bonnie ne s’emportera pas, comme elle peut le faire habituellement. Elle n’en a pas la moindre envie et surtout pas la force. « J’ai pas envie d’me prendre la tête » qu’elle commente en soupirant, rendant les armes. « Alors, si tu veux pas en parler, très bien. Mais j’pense que c’est l’occasion là. » qu’elle termine, alors qu’elle repose ses yeux sur lui. Mais la suite, elle ne s’y attendait pas du tout. Et c’est un regard interloqué que lui lance Bonnie, avant de pouffer légèrement. « J’vais pas porter plainte » qu’elle répond finalement, voyant que Clyde semble le plus sérieux du monde. « C'était y'a dix ans, ça sert à rien. » qu’elle ajoute d’une voix morose alors que son visage se rembrunit. « Février hein ? » qu’elle lance après un court moment de silence. « OK. » qu’elle termine, défaitiste, évitant soigneusement de dire que, effectivement, ça ne sert à rien d’épiloguer puisque l’irlandais va s’en aller dans quelques mois à peine. Mais son attitude parle pour elle… Pour le coup, ça, elle ne s’y attendait pas du tout. Bonnie se rend alors compte qu’il ne leur reste plus beaucoup de temps à partager… A peine revenu dans sa vie que déjà il s’en va. Et autant dire qu’elle aurait voulu que les choses se passent autrement entre eux. Car à part se gueuler dessus, ils n’ont clairement pas fait grand-chose… « J’aurais voulu… » qu’elle reprend après un nouveau silence, hésitante sur les mots à employer. « J’aurais voulu savoir c’que tu penses. Savoir ce que tu veux. » qu’elle se lance alors, tandis qu’elle le fixe avec insistance. « Tu veux quoi, Clyde ? » qu’elle réitère, légèrement nerveuse de redouter sa réaction. « J’ai besoin de savoir… » qu’elle termine finalement d’une voix plus douce et presque suppliante.

Clairement, Clyde n’est pas à l’aise, n’ayant sincèrement pas la force de repartir dans une conversation houleuse, dont le duo parait avoir le secret. Il sait pourtant qu’ils doivent en passer par là, tôt ou tard, mais ce soir, il y a déjà eu beaucoup de choses à surmonter, il ne sait pas s’il pourra en ajouter une couche avec une telle discussion. Il lâche un rire sans joie, en entendant la brune dire qu’elle estime que ça fait bien trop de temps, son affaire avec le producteur, pour porter plainte désormais. « T’as raison, fais rien, c’est pas comme s’il continuait pas à t’gâcher la vie au quotidien… », déclare-t-il, faisant allusion à la façon avec laquelle Bonnie se comporte, désormais. Notamment le fait qu’elle ait laissé à entendre une envie de se laver, récurrente, qui ne parvient à être satisfaisante à ses yeux. Il l’a bien entendu dire cela, même si, sur le coup, il était bien trop choqué par tout le reste, pour rebondir dessus. Mais ça a été entendu, et enregistré. L’Irlandais est comme ça, on peut croire qu’il s’en fout, de certains trucs, ne s’attardant pas dessus, mais ça n’est qu’une impression. Il garde ça dans un recoin de sa tête, et revient dessus plus tard, quand il juge le moment plus propice. « Et ouais. », se contente-t-il de dire, continuant dans sa lancée du type qui a déjà prévu de se tirer en février. Clyde pourrait parfaitement partir bien avant, poussé par une impulsivité et une envie de fuir une situation qu’il commence déjà à juger étouffante. Ou apte à le détruire plus encore. Bien entendu, ça ne sera pas une décision facile à prendre, et rien que là, il ne sait pas encore s’il veut partir ou pas. Il sait juste que ça lui fera étrange de laisser Bonnie, alors qu’ils se sont à peine retrouvés, et que rien n’est réglé entre eux. C’est même pire, depuis leur conversation sur le toit. Tout est remis en question, et c’est littéralement le bordel dans la tête du guitariste.

La jeune femme insiste, voulant poursuivre cette discussion. Comme pour gagner un peu plus de temps, et surtout, pour se soustraire à son regard, il fini par lui tourner le dos, prenant le prétexte des pâtes à remuer quelque peu. « Il m’semble que j’ai déjà dit c’que j’pensais et c’que j’voulais, sur le toit, non ? », demande-t-il, remuant doucement les pâtes, à croire qu’il s’agit là de la chose la plus importante à faire en cet instant précis. « Et si j’me trompe pas, tu m’as clairement fait comprendre qu’tu voulais pas du tout la même chose. », souffle-t-il, lâchant enfin la cuiller en bois qui lui servait jusqu’à alors, pour faire de nouveau face à Bonnie. On voit aisément qu’il ne va pas bien, en cet instant précis, qu’il a du mal à comprendre pourquoi la brune lui a dit être amoureuse de lui, pour ajouter peu après que tout est mort entre eux. « J’t’ai connue moins prompte à baisser les bras, même quand y’a pas mal de difficultés… ». Car il est conscient qu’ils en ont un paquet, qui entravent leur route, et que ça sera tout sauf facile. Mais il sait aussi qu’il se sent à peine vivant, depuis qu’ils se sont déchirés, des années en arrière, et qu’il se sent un peu mieux, quand ils sont ensemble. Et ça, pour lui, ça vaut la peine qu’ils se battent. Mais si la brune n’y croit pas, il ne va pas la forcer à y croire. « Alors reste encroûtée dans ta vie bien proprette, ça vaudra mieux pour tout l’monde. », bien qu’il estime surtout que ça vaut mieux pour elle, et encore, il en doute. A ses yeux, c’est juste la solution de facilité, qu’elle choisit.

« Justement, tu crois pas que j’suis assez déglinguée comme ça ?! » qu’elle lui demande en s’emportant légèrement face à la réaction, et surtout le rire, qu’il lui offre. Comment pourrait-elle aller faire face à ce producteur peu scrupuleux ? Comment ? Déjà qu’elle a du mal à en parler alors, face à une cour et surtout face à lui… Sans parler des caméras et tout le reste... Non, s’il y a bien une chose que Bonnie ne veut pas, c’est s’exposer ainsi. Parce qu’elle sait que ce sera pire encore. « Ce sera sa parole contre la mienne, et j’ai aucune preuve… » qu’elle ajoute plus bas, visage fermé. Connaissant l’homme, il n’hésiterait pas une seule seconde à retourner les choses contre la brune pour pouvoir s’en sortir. Comme il l’a fait à l’époque… Bonnie est certaine qu’il parviendrait à retourner les gens contre elle. A faire croire qu’elle cherche uniquement à profiter de la situation pour lui soutirer du fric et le discréditer. Et que pourrait-elle avancer comme arguments pour le contrer ? Rien, absolument rien. Sans preuve, tout ce qu’elle pourrait dire n’est que du vent. Et Bonnie ne veut pas non plus que tout le monde apprenne ce qui lui est arrivé. Elle ne veut pas que ses parents le sachent. Tout comme Matthew...  « J’ai juste… j’ai juste envie de passer à autre chose OK ? » qu’elle termine, comme pour clore le sujet. Jusqu’à maintenant, elle n’y est pas parvenue, il faut bien le reconnaitre. En témoigne cette manie qu’elle a de se frotter le corps après chaque rapport. Mais Bonnie se dit que, maintenant que son frère et Clyde savent ce qui est arrivé, les choses iront mieux pour elle. En tout cas, elle l’espère ardemment.

D’ailleurs, elle n’hésite pas à mettre un autre sujet qui fâche sur la table : le Bonnie&Clyde, ou du moins, ce qu’il en reste. Parce qu’ils se sont dit beaucoup de choses ces derniers temps. Des sentiments énoncés à voix haute mais aussi une certaine retenue. Du moins, de la part de Bonnie. Et elle voudrait lui dire que non, il ne lui a pas dit clairement ce qu’il désirait l’irlandais. Qu’il n’a pas énoncé les mots qu’elle attendait. Mais elle se retrouve sans voix la brune, face à Clyde qui finit par lui tourner le dos pour remuer les pâtes dans la casserole. Et elle le laisse parler, sans l’interrompre, jusqu’à ce qu’il pivote à nouveau pour la regarder. « Non, tu m’as pas dit c’que tu voulais. » qu’elle lui répond enfin, maintenant son regard. « T’as parlé du passé et pourquoi t’as agi comme tu l’as fait. Moi c’que j’veux savoir, c’est c’que tu veux maintenant. » qu’elle ajoute, sérieuse comme jamais. Oh bien sûr, c’est évident ce que veut le guitariste. La chose saute même aux yeux. Mais Bonnie a besoin de l’entendre dire de vive voix. Besoin de quelque chose de concret à laquelle se raccrocher. Parce que la jeune Turner, là, tout de suite, elle nage dans le flou absolu. Doutant de plus en plus du choix qu’elle a fait en ce qui les concerne, sans parler de Matthew qui s’ajoute dans l’équation.

Et les mots de Clyde n’arrangent rien, lorsqu’il met en avant la combativité dont elle pouvait faire preuve à l’époque. Bonnie, c’était une vraie tête brulée qui n’avait pas peur de se battre pour ses convictions et pour imposer ses envies et ses idées, au risque de provoquer des dommages collatéraux. Aujourd’hui ? si elle estime que ça fera plus de mal qu’autre chose, elle se tait. Et leur duo, sa décision à leur sujet, en est la preuve… « Ouai, ça vaut mieux ouai. De toute façon, tu te casses non ? » qu’elle lui lance acerbe avant de se plonger dans un mutisme auquel Clyde fait parfaitement écho. Bonnie fulmine intérieurement. Beaucoup trop de pensées se bousculent dans sa tête et elle ne peut décemment pas en rester là. « Tu sais pourquoi je fais ça ? » qu’elle demande finalement, parlant bien évidemment du fait qu’elle a refusé de leur donner une nouvelle chance. Mais elle ne laisse pas le temps de répondre à Clyde que déjà elle poursuit. « Parce que j’ai peur. Oui j’te l’ai déjà dit. Mais là, c’est encore pire. » qu’elle ajoute avec une angoisse perçante dans la voix. « J’ai peur de tout faire merder. J’suis pétrifiée à l’idée de refaire les mêmes erreurs. De ne pas de convenir. J’suis flippée rien qu’à t’imaginer aller voir ailleurs. Et si ça marche pas hein ? Et puis... t'as bien vu que j'suis plus comme avant... » qu’elle enchaine en un discours quelque peu décousu, énonçant à voix haute toutes les angoisses qui l’habitent concernant leur possible couple, faisant référence sur la fin à cette nuit à l'hôtel, quand Clyde l'a surprise dans la salle de bain, hystérique à se frotter la peau. « T'as une image de moi qui est fausse Clyde. J'suis plus la même nana qu'avant. Et si j'te conviens pas? Si j'te conviens plus? J’t’ai déjà perdu une fois…Mais qu’est-c’que ça peut faire de toute façon hein ? Dans quelques mois t’es plus là. » qu’elle souffle à voix plus basse, se passant une main sur le visage, désemparée. Parce que Clyde, elle est sur le point de le perdre une ultime et dernière fois…

Cette conversation le rend fou. Le fait de savoir qu’elle compte ne rien faire lui tape sur les nerfs. Il peut comprendre ses appréhensions, des plus légitimes. Ca lui donne un arrière-goût bien amer, comme si l’autre avait gagné, en s’en sortant en toute impunité. Il sait qu’il n’a pas été la victime, que le choix n’est donc pas le sien, mais il connaît justement une des victimes. C’est pas n’importe qui, merde, c’est sa Bonnie. « Tu déconnes ? », qu’il demande, un peu plus virulemment qu’il ne le souhaite, mais il faut dire qu’il se sent indirectement très touché, par ce sujet. « T’seras pas la seule à lui faire face, y’en a d’autres. Vos témoignages auront plus d’impact, à plusieurs… », ajoute-t-il, tentant de parler plus calmement, se rappelant que ça n’est pas à Bonnie, qu’il en veut, lin de là. « Et t’étais mineure, à c’moment-là ! », c’était d’ailleurs bien pour cette raison que Clyde avait flippé, en prenant conscience de ce qu’il ressentait pour elle, 8 ans plus tôt. « Et lui avait une certaine autorité sur toi. », étant donné qu’il était là pour représenter le groupe, les aider à percer. Pour Clyde, ça ne jouerait pas en la faveur du producteur, loin de là même ! Il n’est pas avocat, il ne s’y connaît pas en droit, mais il reste persuadé qu’il doit être aisé de prouver que l’autre a abusé de son pouvoir, pour obtenir que Bonnie lui cède, puis garde ça pour elle. Sans oublier que la Turner pourra ajouter qu’il a menacé Clyde, donc, la manipulation, elle est là. Peu importe que l’autre ait des relations prestigieuses, et plus de moyens pour se procurer de bons avocats. Au fil des témoignages, on réalisera qu’il est loin d’être aussi innocent que tout le monde décrit ! Si l’Américaine veut arrêter là, grand bien lui fasse, Clyde, lui, il est bien décidé à aller jusqu’au bout, quitte à passer par l’intermédiaire d’Alfred, afin que celui-ci parvienne à convaincre sa sœur de se lancer dans cette procédure. Et puis, il fallait aussi qu’elle voit un psy, pour parler de tout ça, ça ne pourra que l’aider.

Il lève les yeux au ciel : il n’a pas été assez clair, l’autre jour, peut-être ? « C’est bien c’que j’dis : tu t’laisses diriger par ta peur. », râle-t-il, après avoir attentivement écouté le discours de la bassiste. « T’crois qu’j’ai pas vu qu’t’avais changé ? », demande-t-il, s’approchant doucement de la table, pour finir par s’asseoir sur une chaise, qu’il rapproche de Bonnie. Oh, il n’a pas côtoyé Bonnie plus que cela, depuis leurs retrouvailles, mais ça a été suffisant pour qu’il remarque qu’elle est différente de ce qu’elle était avant. « T’crois qu’j’ai pas changé aussi ? ». Certes, il n’a pas connu un traumatisme comme la brune, mais il a changé aussi. Et puis, un cœur brisé, c’est pas non plus une sinécure, il faut le reconnaître. Sans discontinuer de parler, il attrape une des mains de la brune, qu’il serre dans les siennes. « J’ai peur aussi. Mais j’ai franchement pas envie d’passer une autre décennie à m’rendre cinglé en t’imaginant avec un…. » et il marque un temps de silence, pour réfléchir et énumérant quelques possibilités : « avocat, toubib, ingénieur… A jouer à la p’tite Américaine qu’est rentrée dans l’moule… » Il pousse un simple soupir avant d’enchaîner : « Si j’passe encore une nouvelle décennie à m’demander c’que ça aurait donné, si on avait été moins cons et moins lâches, t’peux être sûre que j’finis en HP dans 3 ans, ou pire… », admet-t-il. Non, il n’est pas suicidaire, il est juste réaliste. Il se torture l’esprit depuis des années maintenant, sur le fait qu’il ait merdé avec la brune, à l’époque. Ses dérives, lors de soirées en tout genre, en sont la preuve. Il a même été jusqu’à picoler tellement, qu’il a finit par se retrouver marié avec une groupie, c’est pas rien ! S’il n’a pas sombré dans l’alcoolisme, c’est très certainement uniquement grâce à la présence d’Alfred à ses côtés, sans son vieux pote, Clyde, il n’aurait plus de garde-fou. Et c’est ça, aussi, qui lui fait peur, dans le fait de bientôt partir ! « C’que j’veux maintenant ? Nous. », termine-t-il, ayant poursuivi son discours avec de courtes pauses, juste le temps de souffler de-ci de-là, de remettre un peu d’ordre dans ses idées, de trouver les mots justes. Et ce Nous n’a donc pas été choisi par hasard. Certes, il aurait pu faire simple et dire à Bonnie qu’il l’aime. Mais ça, à ses yeux, il l’a déjà bien laissé à entendre, sur le toit. Et même là. Sauf que là, en plus de ça, il y a l’idée d’une exclusivité, qui n’était pas présente, des années plus tôt, quand ils se fréquentaient, car ils n’ont jamais eu l’occasion de mettre un terme à leur couple bien trop libre. Peu importe les barrières et les difficultés, Clyde est prêt à prendre le risque, estimant qu'ils en valent la peine. Et mieux vaut avoir regretter un échec, que de n'avoir pas pris de risques et toujours se demander Et si ? Le regard de l’Irlandais, toujours posé sur la brune, se fait à présent plus sérieux, l’invitant à s’exprimer à présent.

« Laisse tomber OK ?! J’ai dit que je voulais plus en parler ! » qu’elle s’emporte alors que Clyde ne comprend pas son refus de porter plainte. « Je réalise déjà à peine, alors lui faire face c’est au dessus de mes forces » qu’elle ajoute, plus calme, pour essayer de faire comprendre à l’irlandais ce qu’elle peut ressentir vis-à-vis de toute cette histoire. Et Bonnie est intimement persuadée qu’elle perdrait ses moyens face à l’homme qui l’a violée, dix ans plus tôt. Déjà qu’elle prend enfin pleinement conscience de ce qui est arrivé. Qu’elle arrête, un peu, de se jeter la faute… « J’ai pas envie que les gens le sachent » qu’elle ajoute, pensant bien évidemment à Matthew qui ne sait rien de tout ça, et ses parents qui se reprocheraient très certainement de n’avoir rien vu et rien fait… « J’veux pas qu’on m’prenne en pitié » qu’elle termine, détournant les yeux. Et s’il y a bien une chose que Bonnie ne veut surtout pas, c’est devenir la bête de foire de Wauwatosa et que des journalistes débarquent et la traquent pour en savoir plus.

La jeune femme finit par détourner la discussion vers un sujet tout aussi sensible. Le retour de Clyde dans sa vie a finit de lui faire perdre pied, ne sachant plus ce qu’elle veut, ou ce qu’elle peut se permettre de vouloir. Malgré les années, Bonnie a pris conscience que ses sentiments pour l’irlandais n’ont pas changés. Pire encore, ils semblent plus forts qu’à l’époque. Le jeune adulte dont elle était amoureuse a laissé place à un homme aux traits plus marqués et à la carrure plus imposante, lui faisant un effet qu’elle ne peut décemment pas ignorer. Et c’est bien ça le problème. Parce que même si elle ne peut nier ce qu’elle ressent, Bonnie a peur de tout foutre en l’air en se laissant guider par ses sentiments. Intimement persuadé qu’à un moment ou un autre, elle foutra tout en l’air… De plus, elle ne sait pas ce que souhaite réellement Clyde… Frein supplémentaire quant à leur possible renouveau. Alors, Bonnie exprime pleinement ses doutes, ses craintes. Affirme qu’elle a changé et n’est plus la fille que Clyde a connue. La brune tête brûlée qui n’avait pas peur de défendre ses opinions, s’affirmer pour une cause juste. Désormais adulte, Bonnie est plus posée et réfléchie. Ne se lancera jamais à corps perdu dans quelque chose sans avoir pesé le pour et le contre avant. Comme elle le fait actuellement pour le Bonnie&Clyde. Et il faut bien avouer qu’il y a beaucoup d’obstacles à franchir et de difficultés à surmonter… C’est pourquoi elle lui demande Bonnie. Elle demande à Clyde ce qu’il souhaite réellement. Besoin de l’entendre dire une bonne fois pour toute. Alors, quand enfin c’est au tour du guitariste de prendre la parole, ce dernier s’approchant pour finalement prendre place autour de la table, la jeune femme plonge son regard dans le sien à l’affût du moindre signe qui montrerait qu’il est en train de lui mentir.

Et ce qu’elle y lit est d’une sincérité déconcertante. Sa main tremble légèrement dans celle de Clyde, et quand enfin les mots tant attendus – ou presque – sortent de sa bouche, Bonnie a l’impression de manquer d’air. Si elle s’écoutait, elle se lèverait d’un bon et l’embrasserait. Faut dire qu’elle en crève d’envie depuis tellement longtemps ! Sauf que voilà, ce n’est pas ce qui arrive. Et au lieu d’écouter son cœur, Bonnie écoute sa tête… A la place d’embrasser Clyde, la jeune femme retire sa main de la sienne, baissant légèrement la tête. Elle a besoin de respirer. De réfléchir. Et même si elle attendait ça depuis tellement longtemps, tout s’accélère, à tel point qu’elle ne parvient pas à gérer ce qu’elle ressent. « Et si c’est pas ce à quoi tu t’attendais ? » qu’elle demande après un long silence pesant. « Tu vas disparaître à nouveau ? » qu’elle poursuit, la voix tremblante. Même si, de fait, il n’était pas très loin car en colocation avec l’aîné Turner. Mais le duo a fait en sorte de ne jamais se croiser, durant toutes ces années… « Et tu fais quoi de Al ? Du groupe ? » qu’elle ajoute, poursuivant ses interrogations. « Et même. On se met ensembles. Tu t’en vas en février. On se contente de quelques mois et après ? On devient quoi ? » qu’elle enchaine, rappelant ainsi à l’irlandais qu’elle n’a pas (encore) les moyens de quitter la ville. Et puis, pour aller où ? Même si cela reste le projet principal de la brune, cela n’est encore qu’un projet. Un rêve lointain comme celui de percer dans la musique. Un rêve qu’elle espère se voir réaliser bien sûr mais en attendant de pouvoir, la jeune femme ne s’est pas suffisamment penchée sur la question. Elle ne peut décemment pas partir comme ça. Tout plaquer sans savoir où aller et avoir un plan de secours au cas où. Et puis... « Tu fais quoi de Matthew ? » qu’elle demande après une nouvelle pause. Question qui se veut plus sérieuse alors qu’elle ose enfin relever son regard vers l’irlandais.

Le brun déglutit, entendant le refus de la jeune femme de rendre l’affaire publique. Il peut la comprendre, même s’il trouve dommage qu’elle se ferme ainsi. Ca n’est que partie remise, comptez clairement sur lui pour remettre le sujet sur le tapis, un jour, ou convaincre Alfred de le faire. A ses yeux, justice doit être rendue, afin que la page puisse être tournée, autant que cela puisse être possible. Il lève les mains en l’air, indiquant ainsi qu’il abdique, du moins, pour l’instant.

Pour autant, l’ambiance n’est pas plus apaisée, par la suite. La Turner cherche à savoir ce que le guitariste veut réellement, en ce qui les concerne. Et bien que ça emmerde Clyde, de parler de ce qu’il ressent ou de ce qu’il désire, il se plie à cet exercice, sentant qu’il s’agit sans doute là d’une de leur dernière chance de sauver ce qui peut l’être. Il ne dit pas ouvertement ce qu’il ressent, mais si on prend la peine de tendre l’oreille, de lire entre les lignes, c’est quand même là. Un soupir lui échappe, lorsque la musicienne retire sa main des siennes. Là, ça ne parait pas bon signe du tout, pour l’Irlandais. Le silence envahissant la pièce, il passe une main sur son visage, comme pour se préparer à ce qui va suivre, qui, il le pressent, risque de lui déplaire. Levant les yeux au ciel, au gré des questions qu’égrène l’Américaine, il recule sa chaise, ayant soudainement l’impression d’étouffer ici. Un semblant de rejet, ça ne donne pas une facilité à trouver un second souffle. « Tu m’gonfles, tu l’sais, ça ? », crache-t-il, après avoir marqué à son tour un temps de silence, non sans avoir foudroyé la brune du regard. « Qu’est-ce que ton groupe vient faire ici ? J’en fais pas parti… » Et de justesse, il se retient d’ajouter que c’est parce que visiblement, il n’est pas assez bon pour l’intégrer. Non, ça n’est pas le moment de dire une telle chose, il a conscience que c’est bien plus compliqué que cela, les raisons qui font qu’il n’en fait pas parti. Au lieu de ça, il enchaîne d’un : « L’autre groupe, bah, ça, c’est juste momentané ! Car même s’ils me suppliaient tous à genoux, jamais j’accepterais d’en refaire parti à temps plein !  » Il y a de la rancune dans ses paroles, mais il a encore en travers de la gorge la façon avec laquelle ils l’ont rejeté, à l’époque. Là, il ne joue avec eux que pour rendre service à Alfred, et uniquement parce qu’il sait que ça sera sa seule chance de rejouer avec les Turner. Sans cesser de parler, il se lève de sa chaise, ne supportant plus la proximité avec la brune, encore douché par les mots qu’elle a tenu un peu plus tôt. Certes, ça n’était rien de méchant, mais ça l’a calmé, d’avoir à se montrer aussi honnête, pour qu’elle continue à douter, de tout. « Quant à Al, sérieusement, j’crois qu’il en a rien à cirer, et si jamais : j’l’emmerde, putain. » Le Turner parait même plutôt partant pour que le Bonnie&Clyde se mette ensemble, si le run n’a pas mal interprété les faits et gestes de son meilleur pote, ces derniers jours. Et puis, Al a clairement avoué à Clyde être au courant pour l’histoire passée, entre sa petite sœur et son meilleur ami. A aucun moment, il n’a dit quoi que ce soit contre une éventuelle refonte du couple, bien au contraire. « J’suis pas obligé d’partir en février, ni d’partir tout court ! », admet-il, étant retourné vers la casserole de pâtes, prétextant devoir s’en occuper, ayant juste le besoin de s’occuper, en réalité.

Un nouveau soupir, puis, tandis qu’il coupe le feu sous la casserole afin d’aller égoutter son contenu, il lance un regard à la bassiste, afin de lui : « Ton… mec », bordel, ce mot lui écorche les lèvres !, « c’est ton problème, à toi d’voir. Rester avec m’sieur pépère qui t'rend visiblement super heureuse, ou prendre un risque. » Il n'est pas con, ni aveugle, il se doute bien que la brune, elle n'est pas véritablement heureuse, si elle agit comme ça. Il ne sait pas si c'est lié à son mec, ou à ce qu'elle a subi, des années plus tôt, mais Bonnie n'est pas heureuse. Sa mâchoire se crispe, ses bras se noue autour de son torse, avant qu’il n’ajoute : « T’sais qu’on peut jamais être sûrs de rien ? T’veux que j’te dise quoi ? Qu’on va forcément finir par s’marier, s’installer dans une jolie maisonnette avec une clôture blanche, et avoir une horde de mioches ? J’suis pas devin, p’tain, mais moi, au moins, j’sais c’que j’veux. » Ca n'est pas vraiment eux, tout ça, il faut dire. Clyde, il n'a jamais imaginé se marier un jour, et ça ne changera sûrement jamais. Quant aux gamins, il en a déjà un, qu'il n'a pas vraiment souhaité, alors s'il doit en avoir un autre, il tient bien à ce que celui-ci soit désiré. Il secoue la tête, lève de nouveau les mains, comme pour mettre un terme à la conversation. Et il le fait bien savoir, quand il souffle un simple : « Réfléchis. Fais c'que tu veux, c'est ta vie, mais... » Le pire, c’est qu’il lui en veut même pas autant qu’on pourrait le croire. Il peut la comprendre. Mais putain, ça lui fait mal, de voir que parce qu’il y a des risques que ça tourne mal, elle recule comme ça. Il aurait préféré que jamais ce sujet ne soit abordé. Ou pas avant qu’elle ait mieux réfléchi, et pesé le pour et le contre. « Sois sûre de toi... », aussi bien pour rester avec son gars, que pour prendre des risques avec Clyde. Car l'Irlandais n'est pas sûr de pouvoir supporter bien longtemps les montagnes russes qu'il vit, avec la brune. Soit ils restent plus ou moins potes, soit (et pas forcément maintenant !), ils se donnent une autre chance. Mais rester dans l'incertitude, comme sur un fil, des mois durant, c'est trop pour lui. Ayant désormais terminé de répondre aux diverses interrogations de la jeune femme, il lui tourne de nouveau le dos, continuant à s’occuper des pâtes.

« Oh arrête, fais pas genre. Comme si on allait faire partie d’un groupe séparé si on… » mais Bonnie ne finit pas sa phrase. Clyde a très bien compris où elle voulait en venir de toute façon. Et la réaction de la brune fut instantanée lorsque l’irlandais répondit à ce sujet. Le fait est qu’elle ne s’est jamais dit pouvoir faire partie d’un groupe où Clyde n’était pas à l’époque où ils étaient ensembles, officieusement parlant. Mais finalement, peut-être que ce serait mieux pour eux s’ils évoluaient chacun de leur côté professionnellement parlant.

Quoiqu’il en soit, Bonnie ne peut s’empêcher d’exposer ses doutes à voix hautes. Toutes ces choses qui ont fait que, à l’époque, leur histoire a pris une tournure qu’ils auraient préféré éviter tous les deux, sans même le savoir. Et quand Clyde contrebalance tous les dires de la brune, le cœur de celle-ci ne cesse de fondre à chaque parole, se contentant de lever les mains en signe de reddition, lorsque l’irlandais affirme n’en avoir rien à faire de ce que peut bien penser l’aîné des Turner s’il venait à sortir avec la petite sœur de ce dernier. « J’aurais voulu que tu me dises ça à l’époque… » que Bonnie souffle à voix basse en détournant les yeux. Pensée fugace matérialisée par des mots qui passent ses lèvres sans même qu’elle ne s’en rende vraiment compte. Et lorsque Clyde affirme qu’il n’est pas obligé de partir, la jeune femme arque un sourcil, un air dubitatif placardé sur son visage sans qu’elle ne dise quoique ce soit d’autre. Un peu perdue, Bonnie a du mal à suivre le guitariste dans ses propos. Quitter cette ville ne fait-il donc pas partie de ses projets tout comme elle ?

Mais un autre problème semble s’ajouter à l’équation Bonnie&Clyde. Et un problème de taille. Qu’en sera-t-il de Matthew ? Bonnie ne peut décemment pas faire comme si de rien était. Bien qu’elle ne soit pas amoureuse de lui – et Bonnie s’en rend vraiment compte là, dans cette cuisine, alors qu’elle détaille le visage de Clyde – la belle tient énormément à lui, même si leur relation n’a que quelques semaines ou mois. Elle veut tout, sauf le blesser. « Et si c’est ça que j’veux hein ? » qu’elle répond finalement après un instant de silence et après s’être passée une main sur le visage. « Si c’est ça que j’attends ? Une vie tranquille avec une belle maison, une belle pelouse et des gamins qui courent partout avec le chien ? » qu’elle lui demande avec sérieux. Des propos qui contrastent totalement avec le caractère sauvage de Bonnie. Mais face à la tête de Clyde, Bonnie enchaîne très rapidement. « J’veux que tu me dises que c’est du sérieux. Que c’est pas un jeu dont tu finiras par te lasser. J’veux pas perdre mon temps tu vois ? J’en ai marre des histoires de merde. J’veux me poser. J’veux une vraie relation. » qu’elle énonce finalement pour justifier ses propos. Bonnie en a marre des histoires sans lendemain. Fatiguée de se prendre la tête pour des broutilles et cette impression de devoir tout recommencer à chaque fois qu’elle se prenait à imaginer un avenir en couple. Avec Matthew, elle a trouvé cette stabilité qui lui faisait défaut. Et voilà que Clyde, son seul et unique amour, revient après dix ans d’absence et chamboule tout en lui affirmant vouloir donner une nouvelle chance à leur couple… « J’ai besoin d’un peu de temps » qu’elle termine finalement. Besoin de temps pour réfléchir à ce qu’elle veut vraiment. Peser le pour et le contre de toute cette histoire. Mais au fond, Bonnie sait ce dont elle a envie. De la personne dont elle a besoin. Et elle se trouve juste en face d’elle…

Clyde préfère ne pas réagir à ce que la brune laisse échapper. Car pour lui, c’est une très mauvaise idée qu’ils fassent de nouveau parti d’un même groupe, si jamais ils viennent à se remettre ensemble. Il adorerait rejouer avec elle dans un groupe, bien entendu. Il a simplement peur qu’il ne soit trop difficile pour eux de lutter contre vieux vieux démons, aussi bien en tant que couple, qu’en que tant que membres d’un même groupe. Ils ne retourneraient jamais dans une relation libre, c'était clair dans l'esprit du brun, mais rien que niveau prises de têtes, ça, il savait qu’il n’y aurait rien à faire pour que ça disparaisse ! De justesse, il s’abstient de dire qu’à l’époque, il se souciait grandement de l’opinion d’Alfred, il redoutait grandement qu’il ne mette un terme à leur amitié, en découvrant que l’Irlandais osait sortir en douce avec sa précieuse petite sœur. Maintenant, c’est différent, bien entendu, mais c’est parce que le guitariste a changé, et est prêt à assumer ce qu’il veut.

La conversation dévie du côté du petit-ami de la brune, bien entendu. Et Clyde n’hésite pas à faire savoir à la Turner qu’il ne peut pas lui garantir que leur histoire fonctionnera, et se terminera par un mariage et des gosses. Ce à quoi, bien entendu, la jeune femme réagit. « J’peux pas t’garantir tout ça parce que j’sais pas d’quoi demain est fait. » Et que le mariage n’est pas du tout dans la façon de voir les choses du traducteur-littéraire. « J’sais juste qu’ça fait des années que j’ai réalisé que c’est toi que j’veux. », dit-il, toujours adossé contre l’évier. « Après, pour c’qui est du mariage et des gosses… » Il pousse un soupir, prêt à y réfléchir. Et de toute façon, il sait que s’il doit passer le cap du mariage (désiré), ça sera uniquement avec la brune. Quant aux gamins… « T’as besoin d’temps, mais j’crois qu’on a surtout besoin d’parler… », admet-il, en se pinçant l’arrête de nez, venant de penser à son fils et à son mariage express. Il faut bien que la brune soit au courant de cela, il préfère être celui par qui elle apprend la vérité, que de savoir qu’elle va découvrir cette sombre histoire par une tierce personne. « Enfin, j’ai à t’parler, mais faut qu’tu m’promettes d’me laisser terminer mon histoire avant d’dire quoi que ce soit ! » Il tient assez peu à ce qu’elle se fasse de fausses idées avant d’avoir tous les éléments en tête. Attendant donc une confirmation de la part de la Turner, qu’elle le laissera s’exprimer avant de dire quoi que ce soit, il pousse un soupir, et se lance. « J’ai fait une connerie, y’a 3 ans environ. Soirée trop arrosée accompagné d’une groupie plutôt sexy, à Vegas, et… Ca s’est fini par un mariage. », admet-il, fronçant le nez, ne pouvant toujours pas réaliser que ça ait pu vraiment lui arriver. Ca semble ne se produire que dans des films aux scénarios convenus, ça ! « Mariage expresse, qui a été rapidement suivi d’un divorce. » Et en disant cela, il ancre son regard dans celui de la bassiste, afin qu’elle réalise qu’il n’a vraiment jamais eu de sentiments pour la groupie en question. « Sauf que…. Elle était enceinte, de moi… » Et ces mots-là, ils sont difficiles à exprimer à haute voix, mais Clyde s’impose cette épreuve. « J’avoue qu’j’ai pas reconnu le mioche, mais j’envoie régulièrement une pension à sa mère, par contre. » Et pourtant, il sait que cet enfant est bien le sien, étant donné que son ex-épouse lui a transmis les résultats d’un test ADN. Clyde, il ne veut juste pas s’emmerder avec un gosse. Il a juste accepté d’aider la mère à le gérer, mais lui, il n’a jamais demandé à avoir un rejeton. Alors légalement, il ne veut pas qu’on le fasse chier, même s’il s’est engagé ave la mère, pour l’argent. Arrangement qui tient, pour l’instant. « Voilà.. Tu sais tout… », termine-t-il, assez anxieux quant à ce que Bonnie pourrait avoir à dire sur cela, espérant que ça ne détruise pas leurs rapprochements récents, et que ça ne motive pas la jeune femme à choisir Matthew plutôt que lui-même…

Evidemment que Bonnie veut se poser. Pour les gamins, elle a lancé ça comme ça, mais clairement, elle n’est pas prête à devenir maman. Pour le moment du moins. En tout cas, l’instinct maternel, on ne peut pas dire qu’il soit présent chez elle ! Mais qui sait, dans quelques années ? En tout cas, même sans enfants, la brune souhaite une vraie relation. Quelque chose de stable et solide. Marre de perdre son temps, Bonnie le fait comprendre à Clyde sans passer par quatre chemins. Car si c’est seulement l’histoire de quelques mois, la jeune femme n’est pas prête à tout plaquer pour ça.

Au tour de l’irlandais de répondre. Et il n’a pas tord. Bonnie n’a pas le don de voir l’avenir non plus et rien ne peut lui garantir que tout roulera entre eux. Mais déjà, que le guitariste la rassure sur la sincérité de ses sentiments à son égard est un gros plus. Alors, quand il affirme que ça fait des années qu’il veut être avec elle, la brune se fige imperceptiblement tandis que son cœur manque un raté. Des années qu’elle attendait ces mots. Et alors qu’elle le sonde pour voir si ce sont juste des mots en l’air, Bonnie lit dans le regard de Clyde une sincérité déroutante qui la bouleverse presque. Elle le regarde, sans un mot, jusqu’à ce que le mot mariage soit dit. Et Bonnie tique en un instant. « Oh là, j’ai pas parlé de mariage ! » qu’elle répond dans l’instant, mettant les deux mains en avant. Loin d’elle l’idée de se faire passer la bague au doigt et elle le fait bien comprendre à Clyde ! Mais quand l’irlandais affirme qu’ils ont besoin de parler, c’est un regard dubitatif qu’elle lui lance. « Tu m’fais peur… » qu’elle lui dit tandis qu’il précise que c’es lui qui, en fait, a besoin de se confier sur certaines choses. Mais face au regard insistant de Clyde, Bonnie lui fait un geste qui montre qu’elle ne dira pas un mot, ne l’interrompra pas, avant qu’il ait fini. Et après une certaine hésitation de la part du brun, et une appréhension du côté de Bonnie, il se lance enfin. Et au fil de son discours, le visage de la jeune Turner se décompose. Et c’est un silence qu’elle lui offre lorsqu’il a finit de lui révéler cette bombe.

« T’as un gosse… » qu’elle souffle finalement, avant de s’appuyer contre le dossier de sa chaise. Se repassant l’information dans sa tête, ça fait beaucoup à digérer en si peu de temps. « Si j'm'attendais à ça... Pourquoi tu l’as pas reconnu ? » qu’elle demande au bout de quelques secondes, sans aucune agressivité. « C’est bien beau de donner de l’argent tous les mois, mais c’est d’un père dont ce gamin a besoin tu crois pas ? A ton avis sa mère elle dit quoi quand il demande où est papa ? Pourquoi il est pas avec eux et vient pas le voir ? » qu’elle le questionne, masquant difficilement son incompréhension. Que la mère veuille garder le gosse, c’est son choix et Bonnie le respecte. Mais que Clyde ne veuille pas reconnaître son propre enfant… il faut bien avouer que ce n’est pas une chose dont la brune le pensait capable… Et subitement, une révélation s’impose à elle. Bonnie comprend un truc vraiment très important. Et même grave. « Attends, attends. Qui dit Vegas dit alcool. Et t’as pas été foutu de mettre une capote ?! »

Il n’est franchement pas fier de lui, Clyde, une fois sa confidence passée. Il redoute que cette nouvelle ne fasse fuir Bonnie, car digérer qu’il ait pu se marier et avoir un gosse, ça ne doit pas être simple à digérer. Etonnamment, ça passe à peu près bien. Du moins, elle ne lui retourne pas une énorme tarte (elle est pourtant douée pour cela, Clyde s’en souvient bien, il y a peu, elle lui en a collé une !). Elle ne crie pas non plus, pas plus qu’elle n’envoie tout valser au sol. Cependant, elle ne se gêne pas pour lui poser quelques questions, qui sont pour le moins gênantes. « J’ai pas demandé à avoir c’gosse. », crache-t-il, ne se sentant toujours pas prêt pour une telle chose. « On a été 2 a merder ! », explique-t-il, rebondissant sur l’éclair de lucidité qu’a eut la brune. « Elle, sa pilule, elle l’a oubliée… » Et c’est comme ça qu’on se retrouvait avec un môme sur les bras, avec des oublis très importants qui se cumulent un peu trop. « J’peux pas être un père pour ce marmot. T’aurais préféré quoi ? Que j’vive avec eux, alors qu’sa mère est à peine moins qu’une étrangère à mes yeux ? », demande-t-il. C’est vrai, il ne l’a vu que bien peu, dans le fond. Ils se sont fréquentés sporadiquement un moment, avant d’aller à Vegas, mais ça n’était pas sérieux. Leurs conversations étaient bien rares, et fort peu sérieuses. « Et alors qu’j’ai eu l’impression qu’elle cherchait à m’piéger en gardant c’môme ? » Car oui, il aurait préféré qu’elle avorte. Il n’a pas demandé ce gamin, même si cette excuse est un peu facile. Mais elle ne lui a pas vraiment laissé le choix non plus, en menant cette grossesse à son terme.  « Alors p’têtre qu’envoyer d’l’argent, c’est pas assez, mais c’est tout c’que j’peux faire. » Ou plutôt, tout ce qu’il veut bien faire. Il ne tient pas vraiment à s’attacher au marmot, ni à ce que celui-ci s’attache à lui, pour finir par souffrir, car avec la mère, il n’y a rien (et qu’elle continue à chercher avec qui finir sa vie), et que tôt ou tard, la réalité de la vie se rappellera à eux. C’est très certainement une excuse un peu con, il en a conscience, mais Clyde est ainsi, il se protège comme il peut. Et en un sens, il protège son fils, ne voulant lui infliger la souffrance que lui-même a ressenti, étant enfant, quand sa mère l’a délaissée.

Il pousse un soupir, sentant bien que Bonnie ne parviendra pas à le comprendre réellement. Il lui tourne de nouveau le dos, afin de transvaser les pâtes de l’égouttoir à la casserole. Autant tenter un changement de sujet, que de s’enfoncer dans celui-ci, bien trop propice au conflit.

Bonnie ne pensait pas que la soirée aurait pu être pire après l’arrestation de leur ancien producteur pour harcèlement et viol, faisant remonter à la surface des souvenirs que la jeune femme a tenté tant bien que mal d’enterrer. Et pourtant. Les choses ne font qu’empirer depuis que Clyde est venu la rejoindre à l’appartement. En tout cas, c’est ce qu’elle se dit alors qu’il lui avoue être papa et avoir été marié, il y a trois ans. La jeune femme encaisse le coup, ne faisant aucune remarque dans un premier temps, laissant Clyde finir son histoire. Après tout, elle lui a promis. Et quand enfin elle peut intervenir, Bonnie ne se fait pas prier pour penser à voix haute et poser quelques questions. Et des questions, elle en a la jeune Turner !

« Parce qu’il a demandé à naître peut-être ? » qu’elle lui lance lorsque Clyde affirme ne pas avoir désiré ce gamin. Bonnie se braque, tout comme lui. Sujet sensible, elle a bien du mal à contenir ses émotions la brune. « Sérieux Clyde, t'es complètement inconscient. » qu'elle le réprimande alors. « Et si elle t'avait refilé une saloperie hein?. » qu'elle demande au bout d'un moment, une pointe d'angoisse dans la voix. Vegas et alcool, ça ne fait que très rarement bon ménage et Bonnie a du mal à croire que Clyde ait fait cette ultime connerie.  « Non. Je sais pas. » qu’elle lui répond lorsque l’irlandais lui demande ce qu’elle aurait voulu. « Pas vivre avec eux mais être un minimum présent. » qu’elle ajoute d’une voix la plus calme possible. Le truc, c’est que cette histoire fait douloureusement écho à ce qui lui est arrivé des années auparavant, même si les circonstances sont absolument et totalement différentes. Et après que le silence soit revenu alors que Clyde lui tourne le dos pour s’occuper du repas, Bonnie reprend enfin la parole. « Et si j’avais été enceinte à l’époque, t’aurais fui aussi ? » qu’elle le questionne finalement, pas certaine de vouloir entendre la réponse.

Mais Bonnie ne lui laisse pas le temps de répondre que déjà elle rétorque « Comme on est sur une soirée confidences, j’ai aussi un truc à t’avouer ». Voix grave. Sérieux mêlé d’appréhension alors que Clyde lui fait à nouveau face. Et Bonnie ne parvient pas à maintenir son regard bien longtemps, détournant les yeux, presque honteuse. Et après un bref moment d’hésitation et une inspiration profonde… « J’suis tombée enceinte. » qu’elle lâche finalement. Les mots claquent dans l’air tel un fouet tandis que Bonnie ne parvient toujours pas à regarder le guitariste. C’est que révéler ce qu’elle est en train d’avouer est tout aussi douloureux que raconter ce qui lui est arrivé une décennie plus tôt… « J’ai pas pu l’garder… Comment j’aurais pu ? Déjà que j’arrivais plus me regarder en face alors avoir ce gamin… Et puis, j’lui aurais dit quoi ? » qu’elle avoue difficilement, la voix se brisant par moment. Les mots sons hésitants, un peu décousus. C’est que Bonnie ne trouve pas la meilleure façon d’avouer ça à Clyde. Et énoncer à voix haute être tombée enceinte suite à son viol est beaucoup trop difficile pour elle. Mais c’est un secret qu’elle ne pas garder plus longtemps. Encore moins après l’aveu de l’irlandais…  « Franchement, tu m’voyais moi maman ? Déjà que j’arrivais pas me gérer ! » qu’elle lance sur le ton de la plaisanterie, accompagné d'un rire nerveux, alors que ses mains tremblent légèrement. N’osant toujours pas regarder Clyde.

Cette conversation prend une tournure des plus désagréables, mais Clyde n’en est même pas surpris, il l’avait pressenti, avant même de se risquer à aborder ce sujet ! Certains ne l’auraient sans doute pas fait, mais le brun voulait mettre les choses au clair entre eux, afin justement de faire en sorte qu’il y ait de nouveau un eux un beau jour. Sa mâchoire se crispe : bien sûr, que le marmot n’a pas demandé à naître. Le regard qu’il jette à la Turner, tandis qu’elle met en avant les risques qu’il a alors pris, est sans équivoque sur le fait qu’il s’en foutait, à l’époque. Et c’était encore le cas, jusqu’à il y a peu. Il a dérivé, l’Irlandais, en perdant Bonnie, et a enchaîné les conneries, clairement dans un but d’autodestruction. Alors choper une merde éventuelle, il s’en foutait complètement. Son regard se lève au ciel : non, il ne se voit sincèrement pas vivre avec celle qui fut brièvement sa femme, et leur fils. Déjà, parce qu’elle vit dans une autre ville. Et ensuite, parce qu’il n’est que le géniteur du marmot, qu’il n’a pas envie d’être son père, qu’il espère pour ce mioche qu’il aura un père digne de ce nom. Sans doute que le propre père de Clyde a mis la barre trop haute, quant aux devoirs d’un père face à son fils, et que le guitariste ne se sent pas apte à assumer ce rôle avec cet enfant. Ou peut-être qu’il va juste trop mal pour se la jouer père de famille.

Un nouveau soupir franchit le seuil de ses lèvres, quand Bonnie annonce avoir aussi une confession à faire. Assez tendu, Clyde se retourne, ayant encore bien en tête la question qu’elle lui a posé un peu plus tôt, sans même lui laisser le temps de répondre. Et c’est heureux, il lui faut admettre qu’il n’aurait même pas su quoi lui dire. Il s’attend donc à tout, sauf à ça, de la part de la jeune femme. Il est interdit, quand il la fixe, ne sachant que dire ni même que penser. Assommé, littéralement. Il pousse un soupir, après s’être secoué la tête, comme pour remettre de l’ordre dans ses idées. « C’est un truc de filles, d’décider seule d’garder ou non un gosse, sans l’dire au principal concerné, ou j’ai juste pas d’bol avec les nanas ? », qu’il fini par demander, ne pouvant s’empêcher de souhaiter une réponse à une telle interrogation, légitime à ses yeux. Il ne remet pas en question l’incapacité de Bonnie à gérer un enfant, à l’époque, car il était très certainement pareil. Il se sent juste totalement oublié, aussi bien par la bassiste, que par la groupie. « J’aurai aimé être au courant… », souffle-t-il, à voix basse, adossé contre l’évier, les yeux clos, comme pour encaisser cette révélation. « Pour pouvoir…. » Pouvoir quoi ? il n’en sait rien, il n’arrive pas à se projeter. Sans doute aurait-il eu du mal à croire être le père de ce gamin, étant donné qu’il était persuadé que l’Américaine profitait de leur relation libre. Ou il lui aurait foutu dans la gueule qu’il en voulait pas, qu’elle n’avait qu’à se débrouiller seule, après qu’elle l’ait évincé du groupe. Il était assez peu probable, vu les circonstances d’alors, qu’il aurait voulu aider Bonnie avec ce marmot, ou être là pour la soutenir lors de l’avortement. Et il finit d’ailleurs par avouer que : « J’sais pas c’que j’aurai fait sur l’coup… », car mentir serait contre-productif, même si la soirée n’était pas prévue être pleine de confidences aussi sérieuses que cela, il préfère continuer dans le registre de la franchise. « J’sais juste que ça s’serait pas passé comme avec la nana dont j’te passé différemment, qu’tôt ou tard, j’aurai voulu connaître l’enfant. », ajoute-t-il, afin qu’elle comprenne bien que les 2 situations n’avaient rien de comparables. Il quitte enfin l’évier pour aller auprès de la brune, s’asseyant de nouveau autour de la table et attrapant le menton de la jeune femme, afin qu’elle cesse de détourner le regard. « Même si, à choisir, j’préférerais quand même qu’notre éventuel gamin, on l’ait souhaité tous les deux. », explique-t-il, avec un petit sourire au coin des lèvres. « J’m’imagine pas m’lancer dans une telle aventure avec quelqu’un d’autre que toi. » Il va de soi que ça n’est ni pour maintenant, ni même pour l’année prochaine. Il n’a pas encore cette envie de fonder une famille, mais il sait que si ça doit advenir, il n’a pas envie que ça se fasse avec une autre personne que Bonnie (dans le cadre d’un enfant désiré des 2 côtés, bien entendu !). Toutefois, il faut reconnaître qu’apprendre qu’Alfred va bientôt être père, ça lui a foutu un coup, à Clyde, et permis de réaliser que peut-être qu’il aimerait suivre ses traces, un jour, avec la bonne personne, là où c’était hors de question, il y a quelques jours seulement… Et c’est bien grâce à cela qu’il peut parler d’une telle chose, maintenant, alors même que sa situation avec Bonnie est loin d’être claire.

Elle ose enfin parler de l’inavouable Bonnie. Cet avortement qu’elle a choisi de pratiquer. Situation difficile, pesante. Lourde épreuve qu’elle a traversée totalement seule à l’époque, ne pouvant en parler à personne. Comment aurait-elle pu ? Car parler de cette grossesse aurait révélé tout le reste. Et Bonnie n’était pas prête pour ça. Elle ne l’était pas il y a encore quelques heures après tout, alors que toute cette histoire remonte à une décennie… Mais maintenant que Clyde est au courant de tout, absolument tout, et même si ça a jeté un froid encore plus important entre eux, Bonnie se sent soulagée pour de vrai. En témoigne le soupire silencieux qu’elle expire. Pour autant, elle ne parvient pas à regarder le guitariste, redoutant plus que tout, en cet instant, sa réaction. Redoutant qu’une expression de dégout ne vienne prendre place sur son visage.

Sauf que Clyde a mal interprété les mots de Bonnie, ne comprenant pas où elle voulait en venir par ses paroles hésitantes. Bien sûr, elle aurait dû être plus clair, annoncer de but en blanc la vérité sans tourner autour du pot. Mais ce sont des mots bien difficiles à prononcer, à tel point qu’elle n’a pu énoncer la chose clairement. Le cœur de la brune bat un peu plus vite alors qu’elle réalise que Clyde pense que ce gamin qu’elle a décidé de rejeter, était le sien. « Non, c’est pas… » qu’elle commence, pivotant son regard vers lui. Mais elle ne peut pas terminer sa phrase Bonnie, Clyde lui coupant la parole pour poursuivre sur sa lancée. Gorge nouée, la jeune Turner ne parvient plus à sortir un seul son, fermant les yeux en priant mentalement pour que Clyde arrête. Sauf qu’il n’en est rien. En témoigne l’irlandais qui s’approche d’elle et prononce des paroles rassurantes. Des mots touchants qui lui vont droit au cœur et la font se sentir mal – tellement mal – en même temps. Et quand Clyde vient saisir son menton pour l’obliger à lui faire face, c’est un regard embué et suppliant que Bonnie lui offre. « C’est pas c’que tu crois… » qu’elle parvient finalement à souffler d’une faible voix alors qu’elle se dégage. Maintenant, Bonnie ne peut plus reculer, elle le sait. Alors après avoir inspiré profondément en fermant les yeux, elle se jette à l’eau. « C’était pas le tien… » qu’elle énonce d’une voix blanche, une larme solitaire venant rouler sur sa joue droite. Larme qu’elle s’empresse de faire disparaitre en se passant une main toujours tremblante sur le visage.

Il est vrai que Clyde n’a pas songé à réfléchir trop, suite à la confession de la brune. Sans doute que la possibilité que ce gosse ne soit pas de lui le tétanisait. Car si Bonnie avait pris la peine d’en parler, et qu’il n’était pas le père, ça ne pouvait vouloir dire qu’une chose, et ça, pour le brun, c’est impensable. Il sait que c’est une possibilité, mais il vient à peine d’apprendre ce que l’autre connard a osé faire à la bassiste, alors on ne peut décemment lui demander d’envisager que son agression ait pu avoir une telle conséquence. Il se fige, les yeux écarquillés, lorsque la Turner le détrompe. Vient alors la réaction presque logique que l’on peut s’attendre à voir arriver en une telle circonstance, un simple : « Oh. », mélangeant aussi bien une certaine gêne face à cette méprise, qu’un dégoût (concernant l’autre, pas la brune), qu’une pointe de tristesse qu’elle ait eu à subir ça, en plus du reste. « J’suis désolé, que t’ai eu à subir tout ça. », souffle-t-il, ne sachant que dire. En même temps, comment réagir, suite à une telle nouvelle ? Existe-t-il seulement quelque chose en mesure d’atténuer un minimum l’horreur de la situation, sans tomber trop dans le mélo, mais sans paraître indifférent pour autant ? Ne trouvant malheureusement aucune réponse à de telles questions, il préfère opter pour la simplicité, et prend tout bonnement la jeune femme dans ses bras. Parfois, un simple geste vaut mieux que mille mots, il espère que là, ça sera le cas. « J’vais faire mon reloud… », commence-t-il, à voix basse, quelques secondes plus tard, la brune toujours contre lui, « mais tu devrais vraiment réfléchir sur l’fait d’porter plainte, vu tout ce qu’il a fait… », aussi bien concernant le nombre de victimes qui ont été annoncé aux infos, que ce qu’il a engendré dans la vie de Bonnie, niveau événements traumatisants en cascades. « J’suis sûr qu’ça te permettra d’tourner la page, par la suite. », conclu-t-il, avec conviction. Ca ne sera pas facile, il s’en doute bien. Ca ne sera pas efficace de suite, bien au contraire. Mais la brune avait pas mal de choses à encaisser, que ce soit concernant le viol, comme ses conséquences multiples. « Promets-moi juste d’y réfléchir. », ajoute-t-il aussitôt, ne voulant pas que Bonnie puisse dire quoi que ce soit avant, désirant juste qu’elle ne refuse pas d’emblée, sans prendre la peine de repenser à cela, par la suite. « Mais pour l’heure, il y a des pâtes au pesto qui nous attendent !  », dit-il, essayant de faire une légère tentative d’humour, du moins, de ramener la conversation sur quelque chose d’un peu moins lourd pour l’heure !

Désormais Bonnie n’a plus aucun secret pour Clyde qui sait, à présent, tout ce qu’elle a pu traverser à l’époque. Les épreuves qu’elle a affronté seule sans que personne ne puisse réellement savoir de quoi il retourne, se faisant de fausses idées sur la jeune femme qui n’a même pas cherché à mettre à mal les rumeurs à son sujet. C’est donc d’une voix tremblante qu’elle annonce à Clyde que l’enfant qu’elle n’a pas désiré avoir à l’époque n’était pas le sien mais le fruit du viol qu’elle a subi. Comment aurait-elle pu le garder en sachant les conditions de sa naissance ? Bonnie n’aurait pu être la mère que méritait cet enfant. Jamais elle n’aurait pu l’aimer dans de telles circonstances, la brune en est certaine, intimement persuadée d’avoir fait le bon choix.

L’irlandais est sous le choc, ça se voit par son attitude et le « oh » qui sort de sa bouche. Et c’est un faible sourire désolé que Bonnie lui répond, regard humide. Et finalement, Clyde s’excuse d’avoir laissé Bonnie traverser ça toute seule. Elle qui voulait rester forte devant lui se sent tellement fragile à présent. Encore plus alors que le guitariste s’approche pour la prendre dans ses bras. Prise au dépourvu, la jeune femme ne répond pas tout de suite à son étreinte. Figée, il faut quelques secondes pour qu’enfin elle se mette à bouger, l’enlaçant à son tour. « Merci » est le seul mot qu’elle parvient à articuler alors que ses mains agrippent le pull de Clyde. Les deux amants restent ainsi de longues secondes dans les bras l’un de l’autre, sans dire un mot… Jusqu’à ce que l’irlandais ne brise le silence qui s’était installé. Et Bonnie redoute fortement les paroles qui vont suivre, les premières n’annonçant rien de bon. Se reculant, elle observe Clyde, la boule au ventre. Ne trouvant pas les mots, Bonnie secoue négativement la tête. Et alors qu’elle s’apprête à rétorquer quelque chose, l’irlandais lui coupe l’herbe sous le pied en lui demandant de promettre de réfléchir à porter plainte. « OK » qu’elle finit par souffler, même si pour le moment, elle ne souhaite pas aller jusque-là. Et tandis qu’elle plonge son regard dans celui de Clyde, c’est une bouffée d’amour qui la prend subitement, face à cet homme qu’elle aime depuis le premier jour. Ce dernier essayant de détendre l’atmosphère en recentrant la conversation sur les pâtes au pesto qu’il tente désespérément de préparer depuis bien vingt minutes.

Bonnie, quant à elle, pouffe légèrement en s’essuyant les yeux pour retirer toute trace de larmes. Le premier rire sincère de toute la soirée. « Je sais pas c'que j'ferais sans toi... » qu'elle lance à Clyde, sincère, se demandant encore comment elle a pu parvenir à traverser la dernière décennie sans sa présence... Et alors que son cœur bat bien trop vite tandis qu’elle fixe l'irlandais, sans prévenir elle s’approche de lui, prenant son visage en coupe entre ses mains pour écraser sa bouche sur la sienne. Baiser qu’elle ne tarde pas à rendre plus profond tandis que sa langue passe la barrière des lèvres de Clyde pour se frayer un chemin jusqu’à la sienne.