(TC) MEET SANTA CLAUS

Rencontrer le Père Noël. Evidemment, Mateo était surexcité. Quel gamin de cinq ans ne l’était pas face à une telle situation ? Pas le sien, visiblement. Depuis qu’elle lui avait annoncé ce qu’il ferait cet après midi, il était excité comme une puce, posait des millions de questions, et il avait dû lui réciter les noms des rennes au moins cinq fois. On sait jamais, peut être que le Père Noël lui ferait une interro surprise avant de lui accorder sa photo ? L’avantage, c’est qu’il avait tellement hâte qu’il n’avait pas été difficile de le faire se préparer. Enfin, pas difficile… dans la précipitation, il avait enfilé la moitié de ses vêtements à l’envers, mais elle ne l’avait jamais vu aussi efficace. Son petit bonhomme fin prêt, ils avaient fait route vers la salle des fêtes, le tout au rythme des chants de Noël qu’il avait évidemment appris à l’école. Après les fêtes désastreuses de l’année précédente, si proches du décès d’Alaric, ça lui faisait chaud au cœur de voir son petit bonhomme aussi enjoué… Même si une fois arrivés et obligés de faire la queue, elle se demandait bien si elle allait réussir à le tenir en place jusqu’à ce que ce soit son tour. Mamá, je peux aller chercher des bonbons ? demanda-t-il. Si ça pouvait le faire patienter… Elle n’allait pas dire non. Vas-y, mais ne t’éloigne pas trop d’accord ? Parce qu’évidemment, elle n’allait pas le suivre. Si c’était pour devoir recommencer à faire la queue… Non merci. Ca pouvait durer longtemps comme ça sinon.  Oui mamáááááá lança-t-il à la cantonade, s’éloignant vers les tables couvertes de sucreries. Clairement, Lenny comptait sur la présence du Père Noël pour qu’il se tienne tranquille. Les cadeaux, ce n’était après tout que pour les enfants sages. Ce qui ne voulait pas dire qu’elle ne comptait pas le garder à l’œil. Faut pas exagérer.

Non, Kingsley ne venait pas prendre une photo avec le père Noël. Il avait près de vingt-trois ans; En bon adulte, il n’attendait plus à la dernière minute pour faire ses tâches importantes et avait pris son portrait annuel avec Papá Noel au début du mois, au centre commercial. Ce faisant, il se retrouvait libre pour la journée; Libre de faire tout ce qu’il souhaitait. Cette année, comme la précédente et celle d’avant, il avait décidé de donner son temps, son corps pour la cause, et de se transformer en lutin pour quelques heures. Un sacrifice énorme, pour voir pleins de petit visages heureux, et pouvoir manger des sucreries tout l’après midi.

Il avait donc enfilé collants verts et chaussons, sans oublier son bonnet à clochette;  Avec ses oreilles légèrement décollés, sa stature, et son petit sourire en coin, on aurait cru le vrai truc - l’idée lui vint en donnant quelques cannes en bonbon à des enfants, et il tenta de l’oublier assez vite, de peur de rire tout seul et de passer pour un elf ayant sniffé trop de flocons, ou pire, de commencer à une autre de ses théories impossibles et de paniquer, mais…

dude.

Et si il était réellement un lutin?

Et si il était le fils du père Noël et…

Il savait que sa mère biologique était une junkie, ça la mettait directement sur la naughty list, non?

Mais si…

Oh non Papá.

Kingsley-le-lutin secoua la tête, mentalement, pour faire sortir ses scénarios un peu déglingués de son esprit. Il nota tout de même que ça ferait une histoire bonus pas mal pour ses lectrices, plus tard, genre quand il ne serait pas entouré d'enfants et de la magie des fêtes. Pour le moment, il avait un job sérieux à faire, en collants.

Des enfants partout! Le Père Noël, le vrai, en personne, était là aujourd'hui! Olivia passait dans le coin. Elle avait croisé un petit garçon de la garderie qui lui avait dit, tout excité, qu'il allait voir le Père Noël. Le petit, 4 ans, avait beaucoup de jasette. Olivia se retrouva alors avec lui et sa maman qu'elle connaissait aussi dans la grande salle décorée à souhait. C'était la folie de Noël. Par respect, elle laissa la maman et son garçon faire la file pour rencontrer Monsieur de Père Noël, et la blonde faisait le tour.

La baby fever secouait fort dans son coeur. Des enfants partout, tous joyeux. Certains beaucoup trop excités qu'ils ne tenaient plus en place, d'autres un peu gêné sur les genoux de Papa Noël. Elle avait si hâte que ce soit à son tour, d'emmener bébé voir le Père Noël, d'entretenir cette magie avec son enfant. Ah. Ils étaient tous si charmants.

Dans la place, tous étaient de bonne humeur. Cela faisait du bien à voir. Olivia, en retrait, regardait toute cette scène, le sourire aux lèvres.

Le père noël depuis longtemps elle n'y croyait plus, c'était un conte pour enfant qui donnait l'impression que le onde était merveilleux, et magnifique alors qu'en réalité pas du tout. Mais voilà elle avait besoin de se retrouver comme avant, d'être une gamine qui pouvait croire aux rêves d'enfants, elle enfila un jeans avec un haut et un gros gilet pour ne pas avoir froid et se rendit sur place. Des enfants courraient partout et le père noël était présent devant elle à prendre des photos avec les gens qui voulaient bien, Carine pouvait se laisser tenter mais pas maintenant. La môme s'approcha d'une table pour prendre du chocolat tout en regardant autour d'elle pour voir si elle voyait une tête connue

Les cadeaux de Noël ! Une plaie quand il faut zigzaguer au milieu de la foule et voir le jouet convoité disparaitre avant d'avoir eu le temps de tendre la main. Avec le flot de neveux et de nièces qu'il a, Wabaunsee a de quoi faire. Déprimant. Tout est déprimant. Même si la soirée de Noël se passera en famille... Les gamins et leur émerveillement devant le bonhomme rouge et barbu est la seule chose magique à cette période. Il en a besoin de cette magie. Alors, il entre dans la salle bondée de monde. Il doit bien y avoir l'un des petits monstres de sa famille, ici. Mais pour en repérer un ! Trop de monde ! Rien d'étonnant. Il n'a pas à faire la queue, ce serait trop étrange de se faire photographier avec le père Noël. Plus logiquement, il prend la direction de la table couverte de friandise. Il a un sourire voyant qu'il n'est pas le seul "grand" à avoir cette intention, même si la jeune fille qui a pioché devant lui n'est pas adulte. Et pof ! Là encore, il se fait griller par un môme haut comme trois pommes qui se rue sur la table et fouille au hasard de sa main pour trouver un trésor. Hep petit ! Attention. Les gamins ! En fait, il n'y a que cela pour lui donner un vrai sourire. Attention, pas un sourire carnassiers de pédophile ! Non, un sourire béât, heureux. Pour aider l'enfant, il propose. Chocolat ? Nougatine ? Pâtes de fruit ? Et se tournant vers la jeune fille. Vous avez déjà gouté, une suggestion ? Un truc à éviter ?

Cette période de l’année n’était pas facile pour Lenny. Deuxième année qu’elle devait passer les fêtes sans son mari. Une deuxième année où son anniversaire de mariage la remplirait de tristesse et de nostalgie, aussi. De bons moments, de bons souvenirs qui lui serraient le cœur. Alors elle préférait se concentrer sur son petit monstre, que les fêtes rendaient encore plus surexcité qu’à l’accoutumée. L’arrivée de Randy en ville lui avait fait du bien. Avoir un homme dans sa vie, même s’il n’était pas son père, lui faisait du bien, et elle était sûre que la réciproque était tout aussi vraie. L’année précédente, elle s’était forcée à célébrer Noël pour le bien de Mateo, quand bien même elle n’avait pas le cœur à la fête. Cette année, Randy serait là, tout comme Charlie, et leur mère. Malgré l’absence d’Alaric, ça ressemblerait un peu plus à une fête de famille, déjà. Et voir son petit bout surexcité à l’idée de rencontrer le Père Noël lui mettait du baume au cœur.

Toujours postée dans la file d’attente, elle Lenny surveillait son petit monstre… qu’elle vit s’imposer entre la table des friandises et un homme prêt à se servir. Bon, petit comme il était il avait bien du mal à atteindre ces précieuses victuailles mais il y mettait tout son cœur, tendant la main au hasard. Abandonnant sa place dans la ville d’attente, Lenny vint les rejoindre. L’homme lui tournant le dos, elle ne pouvait pas voir qu’il ne semblait pas le moins du monde importuné par le petit garçon. Elle s’apprêtait à réprimander son petit bonhomme quand elle découvrit le sourire de l’homme qui semblait plus attendrit qu’autre chose par Mateo, qui répondit Chocolat ! à l’inconnu, qui s’était visiblement proposé pour attraper pour lui la friandise de son choix. Un regard de Lenny suffit pour qu’il ajoute précipitamment un s’il te plait, accompagné d’un grand sourire rayonnant. Comment résister à cette bouille, vraiment ? Je suis désolée, il est légèrement surexcité, s’excusa-t-elle malgré tout auprès de l’homme, mais aussi de la jeune fille qui se trouvait là. Je suis pas certaine qu’une overdose de sucre l’aide à se calmer mais… c’est Noël, ajouta-t-elle avec un sourire, ébouriffant la tignasse de Mati avec un sourire.

@Wabaunsee Uecker @Carina Withaker

Chocolat, voilà un excellent choix. Même si aucun n'est vraiment un bon choix pour la santé, à l'occasion d'une fête, il est difficile de refuser une gourmandise à un enfant. Surtout avec un tel étalage devant son nez ! Une femme s'approche et à voir la réaction de l'enfant devant le regard insistant, Wabaunsee en déduit qu'il s'agit de quelqu'un qui lui est très proche. Elle a une remarque similaire à sa pensée sur les sucreries. Il n'y a pas de mal et effectivement, Il y a des périodes où ce serait un crime de dire non à un bonbon distribué gracieusement. Il récupère le bonbon convoité sur la table et le tend à l'enfant qui s'empresse de le sortir de son emballage pour l'engloutir. L'homme tente une question pour éviter tout quiproquo. Votre fils ? Il la regarde sans oser la dévisager outrageusement. Il hésite. On se connait, n'est-ce pas ? Il se mordrait la langue d'une telle demande, elle pourrait croire qu'il se vante de sa célébrité ! Je veux dire, j'ai grandi ici mais j'ai perdu de vue beaucoup de monde. J'essaie de me remémorer qui est qui. Dès que la compétition est passée à un échelon supérieur, Dottie et lui ont quitté la ville pour s'entrainer ailleurs. Les retours pour quelques vacances ont surtout permis d'être en famille ou les amis très proches.

Pour ce qui était de garder sa place dans la file d’attente, c’était fichu. Merci Mateo. Ils n’étaient pas pressés de toute façon. C’était les vacances et si Lenny avait toujours des choses à faire, trouver du temps pour son petit bonhomme comptait parmi ses priorités. Si elle devait passer la journée ici pour qu’il obtienne sa photo avec le Père Noël alors soit, elle y passerait la journée. Mateo ne semblait pas pressé de partir, de toute façon. Trop de friandises, de choses à voir, d’excitation. D’ailleurs, à peine son chocolat dans la bouche, il s’éloignait reprendre ses explorations, sous le regard protecteur de Lenny qui malgré la conversation engagée avec un jeune homme, gardait toujours un œil sur son monstre. Oui, c’est le mien, confirma-t-elle avec un sourire et un hochement de la tête. Semblant hésiter légèrement, le jeune homme lui demanda s’ils se connaissaient, justifiant qu’il était du coin, mais parti trop longtemps pour ne pas avoir perdu tout le monde de vue depuis. Je suis un peu dans le même cas  vrai dire, avoua-t-elle. Elle avait grandi ici, mais avait quitté la ville pour l’université, et n’y était revenue qu’un an plus tôt. C’était assez étrange, de revenir dans une ville qu’on connaissait par cœur mais pourtant bien différente. Mais elle en avait eu besoin. Lenny Fisher… C’était Ortiz, à l’époque.  Si vous avez grandi ici on a dû aller au lycée en même temps, je pense. Hormis Lou, sa meilleure amie de toujours, Lenny était surtout amie avec des hommes à l’époque. C’était toujours le cas aujourd’hui d’ailleurs, elle avait tendance à mieux s’entendre avec la gent masculine, sans trop savoir pourquoi.

Les présentations faites, elle n’en perdait pas moins Mateo des yeux. Le petit garçon continuait son tour, et semblait particulièrement intrigué par l’un des bénévole, un jeune homme vêtu d’un costume de lutin. Du haut de ses cinq ans, Mati se planta devant le garçon, les sourcils froncés, poings sur les hanches. Malgré son jeune âge, il ne manquait ni d’aplomb, ni de bagou. La timidité par contre, ce n’était pas au programme. Et c’est ainsi que, sa bouille rivée sur le jeune bénévole, il demanda T’es un vrai lutin ? Curieux ? Totalement. Sociable ? Aussi. Mais tant qu’il ne paraissait déranger personne, Lenny le laissait faire sa vie. Elle devinait que quelqu’un qui détestait les enfants ne se porterait de toute façon pas volontaire dans ce genre d’évènements. Ca serait un peu bête.  

@Wabaunsee Uecker @Kingsley Delarosa

Wabaunsee Uecker. Je n’ai pas changé de nom. Elle a changé de nom donc mariage. Lui, même marié, a gardé le sien ! Il se retient de baisser le regard pour vérifier qu’une alliance trône à son doigt. Lui n’en a jamais porté, pas plus que quelques heures parties aux oubliettes. Il accole les deux noms qu’elle lui donne. Lenny... Ortiz... Il l’imagine plus jeune, non pas qu’elle soit “vieille”, non pas qu’elle soit... non, elle est parfaite. Il la place dans les couloirs du lycée. Souvenirs, souvenirs ! Et bien si vous avez vécu loin un bon moment, vous avez eu probablement la facheuse expérience d’entrer dans un magasin croyant trouver une quincaillerie et vous retrouvez devant une ligne de vêtements. Plusieurs fois, l’incident s’était produit, ce qu’il cherchait avait déménagé ou fermé, mais une seule fois il avait franchi la porte trop rapidement. La sensation de malaise lui avait servi de leçon. Le gamin s’était éloigné, attiré par un costume typique de cette période de l’année. Il a un sourire en voyant l’aplomb du petit bonhomme. Vous ne devez pas vous ennuyer avec lui.



@Eleanor Fisher @Kingsley Delarosa

Lenny rit légèrement à la remarque de Wabaunsee, quand il mentionna que lui n’avait pas changé de nom. Traditionnellement – parce que des hommes, certainement, avaient décidé que leur nom servirait de titre de propriété sur leur femme – c’était plus à la mariée d’adopter le nom de son mari. Alaric n’avait pas forcé Lenny à le faire, c’était sa décision à elle. Si un jour ils avaient des enfants – ce qui était le cas à présent – elle voulait porter le même nom. Ca m’est arrivé oui. Je suis revenue en ville régulièrement pourtant, ma mère vivait encore ici jusqu’à il y a quelques années. Mais ça change très vite, confirma-t-elle avec un sourire, tout en jetant régulièrement des coups d’œil à Matteo, qui n’avait pas manqué d’attirer l’attention de son interlocuteur. Oh que non, c’est un sacré numéro. Mais ça fait plaisir de le voir comme ça. Après la mort de son mari, rien ne lui mettait plus de baume au cœur que de voir le sourire renaître sur le visage de son petit garçon. Pendant longtemps, ce petit bout de chou avait été la seule chose qui lui donnait la force de sortir du fond de son lit le matin. A quatre ans, sa vie dépendait d’elle et elle n’avait pas le droit de s’écrouler. Wabaunsee… dit-elle, se sortant de ses pensées pour en revenir à leur conversation. Vous faisiez du patinage, non ? demanda-t-elle, fouillant dans sa mémoire. Elle était loin de se rappeler de tout le monde. Des années avaient passé depuis le lycée, après tout. Mais il ne portait pas un prénom très courant, il avait dû rester gravé dans sa mémoire.

@Wabaunsee Uecker

Il devait s’y attendre. Son prénom marque les mémoires. On l’accole ensuite à son auréole de champion mondialement connu et de star locale qu’un tour operator n’avait pas oublié de mentionner dans son parcours touristique. Il avait sourit à l’époque quand il l’avait appris, aujourd’hui, c’est plus déplaisant, la sensation d’être un phénomène de foire hasbeen. En effet, j’ai fait du patinage. Il anticipe une question qu’on lui pose à chaque fois. J’en fait encore, mais je suis passé de l’autre côté, j’entraine de jeunes patineurs. Le reconversion d’un sportif préoccupe toujours. Comment retourne-t-on dans l’ombre, comment continue-t-on sans applaudissement ? C’est que la gloire est un breuvage qui enivre mille fois plus qu’un verre de whisky. Bien des esprits et des corps se sont consumés à s’y frotter. Il n’est pas exempt de blessures. Qu’est-ce qui vous occupe en ville quand vous n’avez pas le regard rivé sur votre fils ? Il a envie de savoir où il pourrait la rencontrer de nouveau, un lieu qu’elle fréquente, un travail accessible pour une visite “fortuite”, une envie de se faire de nouveaux amis qui ne lui rabâcheront pas des histoires sur sa vie passée. Elle lui semble accessible pour cela. Je suis peut-être trop curieux. Il se reprend. Elle est mariée. Il y a un monsieur qui n’aura probablement pas envie qu’un homme s’approche de trop près d’elle, alors il s’excuse presque de sa question avant qu’elle n’apparaisse intrusive dans sa vie privée.


@eleanor fisher