ils auraient être du frère et soeur (sirius)

Des années, cela faisait des années qu'il n'avait pas fait une crise de panique du genre. C'était avant la naissance de sa fille, alors qu'il préférait étouffer sa douleur à grand coup de stupéfiants. Encore là, cela faisait presque aussi longtemps qu'il avait bu autant que ce soir. Les liens se faisaient doucement dans sa tête encore chambardé alors que Luna l'entrainait sur le sofa. Une fois assis sur celui-ci, il avait remonté ses jambes contre lui, les entourant de ses bras. Elle lui répétait qu'il n'avait rien fait de mal, en d'autres mots évidemment et l'ancien militaire essayait très fort de croire ce qu'elle lui disait. Elle était tout de même la première personne, en dehors du psy de l'armée, à le voir ainsi. Il avait toujours jugé son stress post-traumatique comme étant un fardeau honteux qu'il se devait de cacher. Il soupira, ne relevant les yeux que pour attraper entre ses doigts le verre d'eau que Luna lui avait apporté.

Et puis, elle voulait savoir. Évidemment. Et il était qui pour le lui refuser? Elle venait de le voir au plus mal et elle le traitait presque comme si rien ne c'était passé. Il soupira à nouveau, se grattant l'arrière du crâne de son seul doigt qui n'était pas utile à tenir son verre. Comment commencer? Quoi lui dire?

Il finit par prendre une grande respiration et il se lança. «  J'ai pas quitté volontairement l'armée. » débuta-t-il, refutant donc un mensonge qu'il disait à tout le monde depuis son retour au pays. «  Si je me souviens des mots exactes du psy.. c'était inapte au combat. Je suis devenu inutile après une attaque sur notre campement. » Il grimaca «  Ils sont presque tous mort Luna.. j'ai survécu simplement parce que j'étais dans la tente médicale et que c'est la seule que ces connards n'ont pas bombardé » Il ricana ensuite tristement «  Je suis devenu un poids lourd, inutile, alors ils m'ont renvoyé chez moi. » Il ne lui dirait par contre pas qu'il avait refusé le peu d'aide qu'on lui avait proposé. Comme le fait qu'il avait longtemps fuit sa propre ombre. «  Officiellement, ils appellent ça un trouble de Stress Post-Traumatique. En vrai, ca fait juste confirmer ce que je savais déjà : je suis cinglé » termina-t-il en marmonnant.

T'es pas cinglé! Ces mots sortent de ta bouche sans vraiment y réfléchir. Le reste de son histoire fait son chemin jusqu'à ton cerveau et jusqu'à ton coeur. Tu es touchée par son honnêteté, mais restes triste de voir qu'il a besoin de cacher ses souffrances de tous. Tu réalises que tu fais la même chose. Cacher nos plus grandes blessures, ça les rend moins vrai. Les mensonges qu'on se racontent deviennent pratiquement notre réalité. Avec le temps, on ne sait plus nous même si ce que l'on raconte fait du sens, on continue de la répéter parce que c'est l'histoire qu'on a appris par coeur pour se protéger du regard des autres, mais surtout du notre. Tu as tout sacrifié pour ce pays. Tu prends sa main dans la tienne et plonges tes grands yeux dans les siens. Tu as vu des horreurs que j'ose même pas imaginer. Tu as côtoyer la mort de si près tous les jours. Sirius et tu as même perdu tes amis, ta famille dans l'espace d'une seconde. Tu as mal pour lui et pour Elys. Tu te rappelles d'histoires qu'il a osé de confier durant ses visites. Il restait si fort malgré les pertes, tu aimerais avoir la force qu'il l'habitait maintenant que c'est lui que tu as perdu. Tu n'es pas inutile, tu avais besoin d'aide et c'est peut-être pas là-bas que tu t'en serais sortie. Tu te rappelles de crises de larmes que tu as vécu dans cette maison. Tu n'as rien vu de similaire à lui, tu ne fait que vivre ta peine. On est tous un peu fou quand on souffre tu sais. Tu mets un peu de comédie dans ta voix pour lui changer les idées. Si tu savais combien de fois j'ai fait une valise pour partir d'ici. J'étais prête, rendu à la porte je pleurais tellement que j'en ai oublié des moments. Je me réveillais parfois dans l'entrée parfois dans la salle de bain. Mais jamais j'ai été capable de partir. Est-ce que ça me rend inapte? Cinglée? Inutile? Tu prends une pause, parce que c'est douloureux dire la vérité qu'on évite depuis des mois. Non. Je suis juste une âme en peine. Tu le prends dans les bras alors qu'il tient ses jambes près de son torse. Personne ressort de ce genre d'histoire sans être changé. D'avoir voulu continuer après un traumatisme comme ça te rend bien plus fort que la majorité des gens Sirius. Dis plus jamais que t'es cinglé. Tu aimes cet homme et c'est dans cette vulnérabilité que tu réalises que c'est un amour fraternel qui vous uni. Tu le garderais dans tes bras toute la nuit s'il avait besoin. Il fait partie de ta famille maintenant, tu seras toujours présente pour ce soldat.
@Sirius Smith

Tout ça l'avait décidemment épuisé, il n'avait pas la moindre force pour bouger. Un peu comme un enfant, il s'était laissé serrer contre le corps réconfortant de Luna. Il n'aimait pas se montrer si faible, mais en ce moment il n'était pas en mesure de volontairement s'éloigner d'un réconfort sans arrière pensée. Il l'avait écouté sans un mot, lui expliquer qu'il n'était pas le seul avec le cœur en pièce et la tête dans le brouillard. L'âme en peine comme elle le disait. Il se laissa bercer pendant un moment ensuite, sans que l'un ou l'autre ne disent un mot. Il finit par ouvrir la bouche «  Je peux rester ici ce soir? Stp? Je ne me vois pas retourner chez moi.. » murmura-t-il en reniflant des larmes qu'il ne croyait plus être en mesure de pleurer. Elle lui avait fait un léger signe de la tête et il avait refermé les yeux contre son épaule. Peut-être que maintenant les mauvais souvenirs le laisserait tranquille quelques heures.

Fin